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Suivre ses pas

Texte proposé par Frère Philippe Verdin


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  • 21 avril 2020
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Dimanche de Pâques. À la fin d’une liturgie eucharistique confinée mais gonflée d’espérance, le célébrant, un frère de notre couvent dominicain, nous accorde la triple bénédiction solennelle : « Suivez maintenant les pas du Ressuscité ! » Ah, d’accord ! Notre mission est donc de suivre ses pas… Nous sommes envoyés à la recherche des traces de pas, des traces du Christ en ce monde.
Il nous faut fureter le nez au ras du sol, comme des limiers du divin, comme les enfants qui cherchent les œufs de Pâques cachés dans les herbes hautes. Les traces du Christ sont inscrites dans le sable, dans la poussière. Empreintes dans la boue du monde, brisées dans les névés immaculés des montagnes, ou sillage dans les vagues de la mer. Les traces du Christ ne sont pas dans les nuées. On les découvre dans l’humus, inscrite dans notre terre, dans les sillons notre cœur.
Il nous faut le suivre à la trace. Nous devons retrouver la piste pour mettre nos pas dans ses pas.
Pour retrouver la piste, nous réclamons un coup de pouce. Il nous faudrait des indices, il nous faudrait aussi un instinct aiguisé.
Pour indices, Jésus sème de petits cailloux qui scintillent au soleil d’avril. Un cœur averti les voit briller sur le chemin qui mène vers la vie éternelle. Ces pépites sont, comme le proclame saint Pierre, « les miracles, les prodiges et les signes au milieu de nous. » (Actes 2, 15 - première lecture du lundi de l’octave de Pâques.) Ces grâces, ces bénédictions, ces miracles dont nous sommes comblés, même en confinement, nous les voyons quand nous ouvrons les yeux, comme Agar qui découvre un puits dans le désert sur le chemin de Shur : c’est l’action providentielle de Dieu pour nous, autour de nous, en nous.
L’instinct du pisteur de traces, c’est l’Esprit Saint qui nous l’accorde. La joie inouïe de sentir la présence de Dieu, le miracle de le reconnaître quand il marche à nos côtés, cette expérience unique, irremplaçable dont parlait Louis de Funès, l’acteur vintage à la mode en avril 2020 : « Jésus Christ fut le radieux compagnon de chaque instant de ma vie. » Ou, si on préfère Lacordaire : « On rencontre Jésus Christ comme on rencontre un autre homme. Un jour, au détour d’une rue, dans un sentier solitaire : on s’arrête ; on écoute une voix qui nous dit dans la conscience : voilà Jésus Christ. »
Celui qui a retrouvé la piste et qui rencontre inopinément celui qu’il suit en est à jamais ébloui. C’est cette expérience que rapportent les disciples d’Emmaüs. C’est cette rencontre au bord de la piste dont parle Philon d’Alexandrie : « La Parole divine se révèle à l’improviste ! Elle est comme un compagnon de route pour l’âme qui chemine solitaire. Elle lui apporte une joie inattendue qui dépasse toute espérance. »
Suivre les pas du Ressuscité pour, comme lui, semer l’espérance et aussi apprendre la charité.
Au milieu du sentier (c’est un parcours intérieur), on comprend que Jésus nous a joué un tour. Depuis un moment, ce n’est plus nous qui suivons ses pas. C’est lui qui nous suit, qui nous guette, qui marche à notre rythme, qui nous dépasse, qui nous entraîne et qui nous attend. Alors notre cœur est tout brûlant. Il nous parle et - miracle ! - nous comprenons enfin ce qu’il n’a cessé de nous murmurer depuis le début de la route.
Nous partageons son corps. Malgré l’isolement du confinement, nous sommes frères et sœurs, en communion avec les autres pisteurs, avec les autres chercheurs, avec tous les amis de Dieu, avec le curé de Mulhouse (un auteur du Cerf !) aux portes de la salle de réanimation, avec l’archevêque dans sa cathédrale à ciel ouvert et avec le pape seul parmi les flaques de la place Saint-Pierre. Nous sommes en communion avec tous ceux qui suivent les pas du Ressuscité sans le savoir, avec les enfants, les poètes et les infirmières, les institutrices qui enseignent le B-A-BA par WhatsApp, les directrices d’EHPAD et les fabricants de masques, les livreurs de lait et les maraîchers aux mains hydroalcoolisées, les chanteurs aux balcons et les boulangères.
Le Ressuscité suit nos pas vagabonds, nos pas de travers, nos pas timides comme nos pas courageux. Le Ressuscité s’amuse de nous voir chercher ses pas ailleurs que dans la trace des pauvres.
Le Ressuscité nous emporte tous dans son sillage, au pas de danse, sur les pas du Père. C’est épatant. Alléluia !

Bonne journée à toutes et tous,
Fraternellement
Louis

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