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        Confinement, jour 16

Confinement, jour 16


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  • 1er avril 2020
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« Jésus enseignait dans une synagogue un jour du sabbat. Il y avait là une femme habitée depuis dix-huit ans par un esprit qui la tenait infirme ; toute courbée, elle était bien incapable de se redresser. La voyant, Jésus l’appela et lui dit : "Femme, tu es libérée de ton infirmité" ; et il lui imposa les mains. Et, aussitôt, elle se redressa, et elle acclamait Dieu. En réaction le chef de la synagogue fut indigné parce que Jésus avait fait une guérison lors du sabbat et il dit à la foule : "Il y a six jours pour travailler ; venez donc ces jours-là vous faire soigner, et non pas le jour du sabbat !" Mais le Seigneur lui répondit : "Comédiens ! chacun de vous, lors du sabbat, ne détache-t-il pas de l’étable son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Par contre, cette fille d’Abraham, que Satan a enchaînée voici dix-huit ans, il ne fallait pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat !" Comme il disait cela, tous ses adversaires étaient remplis de honte et toute la foule était dans la joie de toutes les merveilles qu’il accomplissait. » Lc 13, 10-17.

Ici, c’est le masque qui est dénoncé, se retrancher derrière un masque, et ici particulièrement le masque de la religion. Le chef de la synagogue affiche de beaux sentiments religieux : il se montre soucieux de respecter le repos du septième jour ! Mais Jésus n’y voit qu’un prétexte abominable. Prétexter servir Dieu en fermant les yeux devant celui ou celle qui a besoin : quelle comédie ! Jésus, débusque les faux-fuyants, les demi-mesures, les accommodements, la comédie que nous nous jouons à nous-mêmes et aux autres. Franchement je n’aime pas être ainsi secoué, car je vis dans l’à peu près, pas foncièrement mauvais, pas totalement bon, toujours un peu entre les deux !
Est-ce que Jésus voudrait me culpabiliser, me donner mauvaise conscience ? Au contraire, la parole vigoureuse qu’il m’adresse est une marque de confiance. S’il me croyait incapable de l’entendre et de la suivre, est-ce qu’il continuerait à lancer son appel ? Malgré mes médiocres réponses, il le renouvelle sans se lasser. C’est le signe d’un amour exigeant, comme tout véritable amour.

Face à la comédie que nous cherchons parfois à jouer, Jésus nous partage ses quatre vérités : vérité sur nous, vérité sur le monde dans lequel nous vivons, vérité sur la communauté de croyants que nous formons, vérité sur Dieu lui-même.
Sur nous, Jésus met en lumière une double vérité. Sans nous accabler, il nous révèle que nous sommes pécheurs, solidaires de tout péché et désespérément faibles, mais en même temps que nous sommes aimés follement et gratuitement par Dieu. Il nous invite à faire de ces deux éléments les points de départ d’une vie nouvelle. Refuser cette vérité sur nous, refuser cette solidarité avec les pécheurs, c’est non seulement se faire illusion, mais c’est se mettre en dehors du salut. Car, si nous sommes sans fautes, sans compromissions, alors pourquoi un Sauveur ? Nous n’en avons nul besoin ! Et si nous sommes sans fautes, sans compromissions, alors pourquoi accueillir les autres ? Nous pouvons les juger, les condamner, les exclure, refuser d’y voir des frères à fréquenter ou à porter solidairement, nous cacher sous le masque du juste : « Je te remercie, Dieu, de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, malfaisants, adultères ou comme ce publicain ! » Lc 18,11.
Mais au-delà de nous, Jésus nous propose de faire la vérité sur le monde dans lequel nous vivons. Les mécanismes qui le régissent sont-ils au service des hommes ou bien prennent-ils la place de Dieu, en voulant imposer un ordre supérieur ? Le monde de la finance et de l’économie n’est pas Dieu et s’il se prétend ce veau d’or devant qui tous devraient se courber, s’il rêve d’être reconnu pour le sauveur universel, on voit bien aujourd’hui quelle idole pitoyable il se montre. Le message évangélique nous redit qu’il n’y a pas d’ordre possible, si on ne place pas le plus petit, l’enfant, le malade, l’exclu au centre des préoccupations, si on ne donne pas aux plus pauvres, aux plus démunis la place principale. Toute autre répartition des rôles entraîne tôt ou tard le chaos ou la folie : n’est-ce pas ce à quoi nous assistons ?
Jésus invite aussi son Eglise à faire la vérité sur elle-même. Où se situe son dynamisme ? Une tension doit l’habiter, à la fois toute à l’écoute de son maître et sans cesse envoyée pour porter la Bonne Nouvelle. Elle, non plus, ne peut pas se prendre pour le but ; elle n’est pas le Sauveur ; toute son activité est de le faire découvrir et de donner les moyens de le rejoindre. Chaque fois qu’elle se prend pour le but, réclamant pour elle respect et honneur, sous prétexte d’honorer son Dieu, elle déroule un chemin d’infidélité et elle perd son dynamisme. Comment être fidèle au Crucifié et vouloir occuper des postes de pouvoir ? Sa vérité est ailleurs, dans l’humble témoignage qu’elle donne, lorsqu’elle manifeste la tendresse de Dieu pour les plus petits et qu’elle se dépense pour faire entendre à tous dans leurs langues les merveilles de son Sauveur.
Car finalement il y va de la vérité sur Dieu. Dieu n’appartient à personne, pas même à la communauté qui se réclame de lui. En Jésus, Dieu a manifesté qu’on ne peut pas l’accaparer. Au contraire, c’est lui qui nous saisit et nous mène sur des chemins autres que ceux que nous aurions choisis. Il nous partage des projets ambitieux qui ne sont pas les nôtres et qui nous arrachent à nos conceptions étroites. C’est lui, le Sauveur, et il nous sauve par sa différence, parce qu’il nous emmène sur des chemins vraiment nouveaux, que nul autre ne pourrait nous ouvrir. La vérité est donc que Dieu n’est pas une idole que nous pourrions amadouer, manipuler et mettre à notre service. Dieu est un inclassable qui nous entraîne dans une aventure formidable et bien plus exaltante que nos projets à courte vue.
Vivre en vérité, c’est vivre sans masques, acceptant de recevoir notre salut, notre vie, de Celui qui nous appelle sans cesse au dépassement et à un amour qui ne connaît pas de limites.
Alain PATIN

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