De la naissance de son engagement, à sa manière de vivre et de penser le militantisme Txetx nous offre l’occasion d’oser à notre tour nous questionner sur notre parcours militant, les moyens de le transmettre et de le faire vivre.
Comprendre le monde
« J’ai eu conscience assez tôt qu’il y avait de grandes des injustices dans le monde. Ma mère était abonnée à la Vie catholique et à Croissance des Jeunes Nations. J’étais avide de découvrir et j’ai appris là que s’il y avait des gens qui mouraient de faim c’est qu’il y avait un système économique qui répartissait inéquitablement les richesses. Ça m’a vraiment remué les tripes. A cela se rajoutait au Pays basque un problème identitaire, le fait de faire partie d’une génération dont la langue et l’identité mouraient. C’est paradoxalement dans ces années ou j’ai arrêté de croire en Dieu que j’ai commencé mon engagement avec le MRJC, à 15 ans, parce que dans ma campagne il y avait une surexploitation des jeunes travailleurs saisonniers. Nous avons organisé une permanence pour les informer qu’ils avaient des droits. Je suis allé au lycée sur la côte basque, la zone urbaine. Là, un prêtre qui faisait des clubs dans un quartier ouvrier m’a proposé de l’aider. Après sont venues les luttes lycéennes, les luttes antimilitaristes, des luttes basques… Aujourd’hui je me bats contre le réchauffement climatique car si on laisse s’emballer le climat on peut dire adieu à la paix, aux droits de l’homme, à la justice sociale... »
Un enrichissement permanent
« Mon désir de changement radical est beaucoup plus important aujourd’hui que durant ma jeunesse. J’ai toujours vécu l’engagement comme un enrichissement permanent. Je n’ai pas fait d’études. Le militantisme est une super école qui m’a fait connaître des relations humaines ultra riches que je n’aurais pas eues sans être engagé. Mon parcours, tout ce que j’ai appris je l’ai vécu de manière collective. Aujourd’hui les jeunes s’engagent mais ils veulent voir tout de suite le résultat. Cela est sain mais dangereux car c’est un engagement à base très individuelle qui ne protège pas des coups durs. Le collectif protège, enrichit, donne de meilleures idées. »
Bâtir par le collectif
« Les gens qui ont fait des études peuvent théoriser, penser… moi, je n’y arrive pas y compris sur le sens de mon engagement, si je n’ai pas des discussions collectives. Avec Alternatiba nous avons construit l’engagement sur un mode très collectif. Il y a une identité de groupe très forte.
Avec Bizi, nous avons fondé Alternatiba sur un équilibre entre un travail très sérieux, le convivial et le fait d’être à la fois radicaux et pragmatiques, déterminés et non-violents. Nous avons des réunions qui commencent et finissent à l’heure, des ordres du jour minutés et des comptes rendu systématiques… Ce cadre rigoureux est rassurant quand on s’engage. Nous accordons aussi beaucoup d’importance à la formation.
Enfin, il faut faire en sorte d’organiser les gens autour de batailles précises, à notre portée mais suffisamment ambitieuses pour que ce soit motivant. Il faut que les gens puissent prendre conscience de leur capacité à faire bouger les choses afin d’être motivés pour des objectifs plus grands.
Aujourd’hui, une de nos pistes de travail est d’aller sur les quartiers où il y a de moins en moins de présence militante ou associative et aider à l’auto-organisation des gens pour essayer de construire des réponses sociales et écologiques à leurs besoins au quotidien. Si j’avais une sollicitation à faire à l’ACO c’est de nous donner des conseils pour rejoindre les gens de ces quartiers. »
Propos recueillis par Sylvain Knittel
(1) https://bizimugi.eu/
(2) https://alternatiba.eu/