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Rien pour ce mois
20 septembre 2024 par
Simples curieux ou sportifs avertis, les Français se sont finalement majoritairement réjouis des Jeux Olympiques de Paris 2024. Cette parenthèse a en effet été l’image du « vivre ensemble » et elle a tenu bon malgré un contexte politique incertain. Et ensuite ?
La cérémonie d’ouverture des JOP 2024 a fait l’objet de nombreuses critiques, voire de messages haineux. Son metteur en scène Thomas Jolly s’est dit complètement abasourdi par ces réactions négatives. Nous aurions pu nous dire : « Mais dans quel monde vis-tu Thomas ? ». Après des élections qui ont vu l’avancée historique de l’extrême-droite, dans un climat de défiance vis à vis de ce qui est différent, comment penser que ça « passerait crème » ?
Ouverture et inclusion
Pourtant Thomas y a cru et a présenté un spectacle teinté d’ouverture et d’inclusion : un vrai signe d’espérance, quitte à choquer certains ou certaines. Oui Thomas, il faut croire à ce « vivre ensemble », le faire vivre contre vents et marées et être co-créateur d’un monde meilleur. Parmi les catholiques, hélas plus prolifiques dans la critique négative, certains et certaines l’ont bien compris. C’est ainsi que Charles Declercq, prêtre et journaliste belge, a écrit une tribune dans laquelle on peut lire au sujet de la cérémonie d’ouverture : « Réjouissons-nous de cette « parodie » pour mettre en application le message du Christ » ; ou encore « Des pécheurs, des publicains, des prostituées : j’aime à penser que Jésus, aujourd’hui, aurait pu s’entourer de ces personnes pour son dernier repas. Au grand dam bien sûr des nouveaux pharisiens d’aujourd’hui ! »*. Soeur Michele, religieuse de Notre Dame du Cenacle, sur son blog, va jusqu’à écrire : « En fait Thomas Jolly nous a offert une page d’Evangile. Merci à lui »*. Merci à eux aussi d’avoir été les porte-voix des progressistes.
Et maintenant ?
L’euphorie est passée et il ne faut pas laisser place à la morosité et au pessimisme même si le climat politique s’y prête volontiers. L’héritage matériel des JOP 2024 reste incertain : par exemple seulement 25 % des logements du village olympique seront transformés en logement social, les autres seront vendus autour de 7000€ le m². Les habitants de Seine-Saint-Denis ne sont pas certains de pouvoir profiter des nouvelles infrastructures. La trève olympique tant espérée n’a pas eu lieu et les conflits ont continué dans une relative indifférence… Mais les JOP 2024 laisseront un héritage immatériel. Ainsi Libération titrait le 26 juillet : « L’extrême-droite déteste la cérémonie d’ouverture, un bon point pour les JO de Paris ». Il est temps de se retrousser les manches pour continuer d’espérer, à l’image du résultat des élections législatives de juillet, du rassemblement oecuménique du 25 juin 2024 contre l’extrême-droite, des luttes sociales passées. Lutter pour la dignité de tous et toutes, créer et tisser des solidarités comme héritage des JOP 2024 : pourquoi pas ? En attendant des jours meilleurs au niveau gouvernemental, créons-les nous-mêmes par nos engagements et par la place que l’on prendra dans la société et dans l’Eglise !
Stéphanie Wongermez
* Propos recueillis dans La Libre – Face à face entre deux chrétiens à propos de la cérémonie d’ouverture des JO - publié le 29/07/2024.
* aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com – Merci d’une catholique à Thomas Jolly – publié le 07/08/2024.
Réfléchir ensemble
Quelles ont été les réactions à la cérémonie d’ouverture des JOP 2024 autour de moi et comment y ai-je répondu ?
Comment comprenons-nous l’expression « être une page d’Evangile » ?
Comment puis-je prendre ma place, avec d’autres personnes, dans la société et dans l’Église pour que les choses changent ?
29 août 2024 par
L’été s’avance doucement : trêve, repos mérité pour les vacanciers, rythmes parfois effrénés des travailleurs, désabusement voire anxiété de ceux qui aimeraient travailler mais ne le peuvent pas. La rentrée s’annonce avec impatience - rentrées scolaire, sportive, culturelle, associative… ou inquiétude après les résultats des législatives (heureux ou malheureux), avec la crise économique, sociale, climatique, les guerres… dans une société qui se fracture jour après jour.
Il y a quelques années, au sortir de la pandémie, on nous parlait du « monde d’après ». Qu’en est-il aujourd’hui ? Pas seulement ce que nous regardons, entendons des médias, des politiques qui nous déçoivent, nous révoltent. Mais observons, contemplons tout ce qui se vit de beau autour de nous, dans notre quartier, notre lieu de travail, dans nos engagements... Alors nous pourrons nous émerveiller de ce qui se passe, se réveille. Pour toutes ces petites graines semées lors de nos partages, nos révisions de vie, nos rencontres, il faut de la patience, continuer sans cesse à inviter, à accompagner, à relever. Et alors que rien ne semble se passer, un jour, des pousses croissent, des personnes que nous n’attendions pas ou plus se (re)lèvent, se mettent en marche, s’engagent, prennent la parole ; prémices d’une moisson abondante.
Cet été, nous vivons les Jeux olympiques et para-olympiques. Au-delà de toutes leurs ombres et lumières - voir Témoignage n° 614 - la devise « plus haut, plus fort, plus loin – ensemble » devrait être le leitmotiv du respect mutuel entre les nations et les individus, réunissant ainsi les différentes cultures, religions du monde dans une compétition pacifique. Mais qu’en sera-t-il réellement ? Les dirigeants arriveront-ils à oublier l’espace d’un instant tout ce qui les divisent ?
Même si notre mouvement fait un « break » cet été, gardons en tête la Journée internationale pour le travail décent le 7 octobre. Journée préparée conjointement avec la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et la Mission ouvrière. C’est une occasion d’aller à la rencontre des personnes, de se mettre à l’écoute du monde du travail d’aujourd’hui et d’échanger sur la question du travail. Ne prenons pas comme prétexte d’être éloigné du monde du travail ou des entreprises en difficulté pour ne pas s’en préoccuper. Intéressons-nous à ceux que l’on côtoie dans la vie quotidienne : la caissière, l’aide à domicile, le livreur… Invitons-les, écoutons ce qu’ils ont à nous dire : leurs joies, leurs difficultés, leurs révoltes, le sens qu’ils donnent à leur travail.
Certes, à l’heure où j’écris, il reste beaucoup d’incertitudes dans cette rentrée. Nous l’aborderons peut-être avec un mélange d’anxiété et d’optimisme. Ne restons pas spectateurs face aux évolutions de notre monde, de notre société. Cette rentrée sera celle que nous déciderons de vivre, peut-être avec des désillusions, mais toujours avec un esprit d’humanité, de fraternité, de solidarité pour faire vivre la démocratie, le dialogue, avec tous ceux que nous rencontrons au quotidien. Continuons, individuellement, collectivement, à œuvrer pour que tous vivent dignement.
Murielle Becel, le 26 juin 2024
Après six années au service de l’ACO comme secrétaire nationale, j’achève mon mandat cet été. Merci à toutes et tous pour ces belles années vécues ensemble.
Réfléchir ensemble
Quelles sont mes résolutions pour cette nouvelle rentrée ?
Comment pouvons-nous agir personnellement, collectivement ?
Comment l’actualité renouvelle-t-elle nos engagements ?
Quel regard de croyant portons-nous ?
4 juin 2024 par
Les beaux jours sont de retour et avec eux le soleil pour contrer la noirceur ambiante ressentie depuis quelques mois. Accueillons cette lumière du renouveau qui vient nous réchauffer et nous éclairer.
« Après la pluie vient le beau temps... ». C’est souvent ce que l’on se dit quand tout va mal. Chez nous, en Bretagne, on dit aussi « il repleut... ». Et depuis plusieurs mois, on a l’impression qu’il pleut et qu’il repleut tout le temps et pas seulement en Bretagne ! Guerres, catastrophes climatiques, drames familiaux et bien d’autres choses encore... Hausse des prix, mal logement, loi immigration, réformes en tout genre et encore et encore... Pas facile de se réjouir car on a l’impression de ne pas voir le bout du tunnel. Jésus aussi l’a vécu son Carême, ses moments de doute, de manque et de privation.
Regardons les belles choses
Et pourtant le revoilà, le soleil des beaux jours, l’envie de sourire à son prochain, de rire, de chanter, d’aller vers les autres. La voilà, la fin du Carême et enfin la résurrection qui nous fait croire à la possibilité d’un autre monde plus humain et plus fraternel ! Alors, saisissons-le, ce moment furtif où tout est possible et ouvrons les yeux. Regardons dans nos quartiers, dans nos entreprises, dans nos familles, toutes ces belles choses qui nous appellent à nous réjouir. Admirons ces femmes qui, en bas des tours, se regroupent pour proposer des activités aux enfants de leur quartier, en éloignant ainsi le danger des dealers et de leur trafic malsain. Soutenons toutes ces personnes qui se battent au quotidien pour donner un toit aux migrants désespérés et leur permettent de vivre dignement dans notre pays des Droits de l’Homme en les accompagnant dans leurs démarches. Applaudissons ces travailleurs en ESAT qui se battent pour être reconnus en tant que salariés à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres...
Réjouissons-nous de toutes ces personnes qui s’engagent pour le bien commun en préférant l’intelligence collective et l’action commune plutôt que l’individualisme ambiant. Ne voyons-nous pas là des signes de Jésus le ressuscité ?
Oser suivre les traces de Jésus
Ainsi, selon Saint Marc (16,9-15) « ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparaît d’abord à Marie Madeleine ... Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant, ils refusèrent de croire. Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.
Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leur cœur parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. Puis il leur dit : « allez dans le monde entier. Proclamez l’Evangile dans toute la création ».
Et si nous aussi, nous osions suivre les traces de Jésus, en allant au-devant de ceux qui n’ont rien et en leur offrant un peu de réconfort, en nous engageant sur notre quartier, notre commune, en nous mettant au service des autres pour un monde juste et fraternel. Inutile de vouloir déplacer des montagnes : une multitude de petites collines peut être bien plus utile et efficace.
Karine Cornily
8 mars 2024 par
« Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée, cette nuit (...) sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… »
Ce cri de l’Abbé Pierre sur les ondes de RTL le 1er février 1954 est entré dans l’histoire. Pouvait-on imaginer que, 70 ans plus tard, de telles situations seraient toujours d’actualité ? Malgré la multiplication et le redéploiement permanent d’œuvres humanitaires de tous horizons, la pauvreté hante nos cités et nos campagnes. Les banderilles que l’Abbé n’a cessé de planter, dans les flancs de nos consciences alourdies, n’ont pas suffi à vaincre une misère qui s’accroche aux aspérités de tant de comportements inadaptés. Emmaüs a multiplié ses actions envers les mal-logés. Coluche a ouvert ses restos. ATD-Quart-Monde, le Secours populaire, le Secours catholique et tant d’autres acteurs humanitaires investissent toutes leurs forces dans la bataille mais le constat est là : les besoins se font, chaque année, plus importants, mettant en échec la vigueur du tissu associatif.
« Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous. ». (Mc 14, 7)
Jésus nous avait avertis : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous ». De fait, notre société suscite toujours plus de pauvreté et semble s’en accommoder. Comment expliquer qu’aujourd’hui, un salarié puisse être contraint de dormir dans sa voiture ? De droite comme de gauche, les gouvernements se succèdent sans apporter de réelles réponses. Et voici que des guerres et des catastrophes de toutes sortes viennent aggraver une situation déjà préoccupante ! On aurait pu espérer que l’Europe fédère les énergies pour lutter efficacement contre ce fléau. Mais en la matière comme en beaucoup d’autres, les intérêts financiers prédominent et l’ambiance actuelle n’augure rien de bon quant aux élections qui approchent.
Un monde meilleur… continuer d’y croire !
Si la situation semble désespérée, des hommes et des femmes ne cessent de se lever pour faire advenir un monde meilleur auquel ils continuent de croire. Ils ont compris, par ailleurs, qu’il s’agit moins de faire pour les pauvres que de faire avec eux. « Nul n’est assez pauvre pour ne rien avoir à donner » affirmait l’Abbé Pierre. D’où son invitation à celui qui allait devenir le premier compagnon d’Emmaüs : « Viens m’aider à aider. ». Ainsi, l’aidant et l’aidé font cause commune, unissent jusqu’à leurs faiblesses respectives pour découvrir, dans la solidarité, une force insoupçonnée et une dignité préservée.
Faire un pas vers l’autre, ce n’est pas seulement lui donner une chance. C’est aussi se donner celle d’exister à travers de vraies relations et un projet commun, loin des peurs fantasmées entretenues par certains. Reste ensuite à régler nos pas pour avancer ensemble dans l’harmonie et la confiance, convaincus, comme notre infatigable Défenseur des pauvres, qu’« il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien ».
Thierry DUBOIS
5 janvier 2024 par
Une année nouvelle se profile à l’horizon. Face aux menaces de l’extrême-droite, des intégrismes religieux, de la prédation libérale et de la dégradation climatique, nous disposons d’un outil magnifique : la fraternité.
« Un jour pourtant, un jour viendra, couleur d’orange. Un jour de palme, un jour de feuillages au front. Un jour d’épaule nue, où les gens s’aimeront. Un jour comme un oiseau, sur la plus haute branche ». Cette poésie d’Aragon nous parle d’amour, de fraternité, d’espoir. Elle nous aide à continuer de rêver, alors qu’il est parfois tentant de sombrer dans le pessimisme ou le fatalisme, quand l’humanité et la planète semblent fragilisés aujourd’hui.
Le seul chemin d’avenir
Militants de l’ACO, nous sommes habités par une conviction profonde, que nourrit le message du Christ : la fraternité est le seul chemin d’avenir. La recherche de cette fraternité implique un effort quotidien, une discipline du cœur et de l’esprit. Elle nous invite à regarder chez les autres, avant tout, leurs qualités et leurs talents, autrement dit tout ce qui constitue leur humanité. J’imagine parfois ce qui arriverait si nous devions rencontrer un jour une créature extra-terrestre douée d’intelligence. Nous comprendrions alors, d’un seul coup, à quel point tous les Terriens se ressemblent, face à cette autre forme de vie qui ne manquerait pas de nous surprendre. Pourquoi dès lors s’acharner à regarder chez l’autre, chez les autres, la différence qui gêne au lieu de la diversité qui enrichit ? C’est le défi des mois qui s’annoncent, jalonnés par des rendez-vous majeurs comme celui des élections européennes. Le scrutin continental de l’année 2024 est l’occasion de nous rappeler que l’Europe a été construite, avant tout, pour bâtir la paix entre les peuples européens meurtris par une guerre sauvage. Cette fraternité, rêvée par des hommes et des femmes que la folie meurtrière du nazisme avait fracassés, est devenue réalité. Sa fragilité actuelle ne doit pas nous faire oublier son importance pour l’avenir.
Rencontrer et partager
La fraternité ne se résume pas à une manière d’être avec autrui. Elle se traduit par des actes concrets. Elle passe par l’audace de la rencontre avec les autres. Et aussi par le partage des richesses ou des connaissances. Tous les êtres humains, tous les peuples n’ont pas bénéficié des mêmes chances. Certaines personnes ont grandi dans des familles aimantes, sans connaître les fins de mois difficiles ou les soucis de santé. Certains pays sont épargnés par les guerres, les pénuries ou les catastrophes naturelles. Cela donne à ces personnes et à ces pays un devoir de fraternité. L’égoïsme et la rapacité sont les vecteurs de la frustration et de la haine. L’altruisme et le sens du partage éveillent l’amitié entre les êtres et la fraternité entre les peuples. Ce sont des horizons accessibles. Alors oui, cette année, osons la fraternité !
Jean-François Courtille
27 octobre 2023 2023 par
Même si les nouvelles ne nous invitent pas forcément à la gaieté, puisons dans les nombreux signes d’espérance que nous découvrons au quotidien pour continuer à avancer ensemble. Soyons toujours co-créateurs d’un monde meilleur et aussi porteurs de paroles.
« Salut les p’tits clous », cette phrase culte d’un animateur d’une émission des années 90 résonne aujourd’hui avec une autre tonalité. Autrefois, terme affectueux, aujourd’hui, il a un goût bien amer. Etre un clou, c’est prendre des coups de marteau sur la tête pour être enfoncé... N’est-ce pas ce que nous vivons avec notre gouvernement actuel qui, à grands coups de marteau, nous enfonce… Réforme des retraites, réforme de l’assurance chômage, réformes dans l’Education nationale, la santé... et bientôt loi sur l’immigration ! A cela s’ajoutent la guerre en Ukraine, la hausse de l’énergie, la hausse des prix de l’alimentation, etc, etc... Chaque jour apporte son lot de coups de marteau et nous enfonce un peu plus ! Pas très gai tout ça mais est-ce vraiment inéluctable ? Allons-nous rentrer dans cette spirale infernale qui nous culpabilise chaque jour davantage ?
De belles fraternités et de justes combats
En 2010, Stéphane Hessel nous disait « indignez-vous ! ». Aujourd’hui, nous pourrions dire « réveillons nous », « ouvrons les yeux sur le beau qui nous entoure », « sortons de cette morosité qui nous enfonce peu à peu ». De belles initiatives existent, notamment au travers de l’engagement associatif : combien d’entre nous accompagnent dans leur quotidien des personnes en situation de précarité comme Jocelyne à « l’Escale familles », des familles de migrants comme Anne-Marie et Fanch à « l’ASSU », des personnes âgées, des jeunes... Tout cela, nous pouvons le lire au fil des pages de Témoignage. De belles fraternités et de justes combats se vivent au travers de l’engagement syndical comme nous en témoignent les copains dans le « Parlons-en ».
Continuons à nous organiser et à vivre dans l’Espérance
Goûtons ensemble à cet optimisme et continuons à nous organiser, à vivre dans l’Espérance comme l’a fait Jésus jusqu’à son dernier souffle, lui aussi victime de coups de marteau. Laissons souffler l’Esprit Saint et réjouissons-nous de ces élans de solidarité et de fraternité dans nos quartiers, sur nos lieux de travail, dans nos familles. Soyons co-créateurs mais aussi des porteurs de paroles pour tous ceux qui souffrent dans leur quotidien et dans leur chair, tous ceux qui n’ont plus la force et les mots pour se battre. Partageons le beau de nos vies dans nos révisions de vie mais aussi dans des échanges plus larges !
Karine Cornily
4 octobre 2023 2023 par
Le printemps est vécu comme la saison de toutes les promesses, de tous les frémissements. Et pourtant, le printemps 2023 a fait germer tant d’incertitudes et de colère… Un printemps écarlate à l’image des premiers incendies de forêt qui n’ont pas attendu l’été pour se déclarer : un printemps ouvert à tous les extrémismes !
Oui, Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et leurs soutiens, de par leur gestion de la réforme des retraites, ont achevé de plonger notre pays dans une crise de confiance inégalée à l’encontre du monde politique. Comment alors sauver démocratie et valeurs républicaines ?
Crise institutionnelle
Les institutions de la Ve république seraient-elles à bout de souffle ? C’est ce que suggèrent nombre d’observateurs et de militants de différents courants. Quelles arrières pensées habitent ceux qui prônent un remaniement de nos institutions pouvant nous conduire à cette fameuse « VIe République » ? Pour espérer l’aboutissement favorable d’une telle réforme, il faudrait pouvoir s’appuyer a minima sur un socle de volontés communes. Cela suppose qu’on se mette d’accord sur ce qui la motive et sur le but à atteindre avec une feuille de route précise et des objectifs clairs.
Fidélité à nos valeurs
Pour autant, n’allons pas croire qu’un tel chamboulement institutionnel puisse répondre à l’ensemble des problématiques de notre société. Pour qu’un « vivre ensemble » soit possible il nous faut renforcer les trois piliers de notre devise nationale Liberté, Egalité, Fraternité : la liberté d’être ce que je suis dans le respect de tous, l’égalité des chances quelles que soient mes origines, la fraternité comme fondation dans tout ce qui me relie au reste de l’humanité. Mais voilà, qu’importe à quelle classe sociale ou à quel milieu j’appartiens, ne suis-je pas tenté de faire prévaloir mes intérêts et ceux de mon clan ? De droite comme de gauche, chacun se crispe sur ses privilèges. Pourquoi l’égalité hommes-femmes – principe constitutionnel depuis 1946 – ne s’applique-telle toujours pas dans bien des domaines ? Qu’est-ce qui fait que tant de discriminations persistent malgré l’arsenal législatif déployé pour les éradiquer ?
L’engagement personnel
Ces chemins de liberté, d’égalité, de fraternité, suis-je prêt à m’y engager sans attendre que le collègue ou la voisine décide de s’y risquer, sans attendre que tout vienne d’en-haut ou d’ailleurs ? Ai-je le désir d’y entraîner mon entourage, les membres de ma carte de relation ?
N’idéalisons pas le rôle de nos institutions et surtout, ne nous laissons pas égarer par les extrémistes de tous bords. Membres de l’ACO, aidons nos concitoyens à éviter les pièges. Les outils démocratiques ne sont rien sans une volonté objective d’avancer ensemble comme Co-créateurs d’un Monde meilleur.
Reste à définir ce « Monde meilleur » tant espéré. Nos modes de déplacement, par exemple, appelleront des choix déterminants selon nos lieux de résidence, notre style de vie et notre budget. Pour tout sujet, la recherche du bien commun engagera toujours la volonté et la responsabilité de chacun.
Thierry Dubois
30 août 2023 2023 par
C’est la question que nous pourrions poser aux personnes rencontrées dans les cortèges de manifestation depuis le 19 janvier. Elles nous diraient certainement toute leur déception, leur découragement sur leur vie quotidienne, le pouvoir d’achat en baisse, le chômage, les salaires qui stagnent, l’incertitude du lendemain, leurs galères, leur lutte pour la dignité, la peur de ne pouvoir arriver à la retraite dans de bonnes conditions et donc de la vivre sereinement. Mais elles partageraient aussi certainement les solutions trouvées, inventées, leurs réussites pour vivre, manger, se loger dignement, seul ou en famille.
Dans les manifestations, certains parlent de leurs conditions de travail, le sens qu’ils donnent ou trouvent au travail, leur fatigue de propos dévalorisants, des harcèlements subis, du toujours « plus vite ». Ils se rappellent les invisibles, les "première et seconde lignes" applaudis pendant la pandémie mais dont le sort n’est pas plus enviable.
Des manifestants disent leur incompréhension face à la violence des affrontements entre certains manifestants et les forces de l’ordre. La contestation, les points de vue différents justifient-t-ils ces violences ? Ils se questionnent peut-être sur la notion de fraternité écrite dans la devise de la République française. Cela est-il toujours synonyme de solidarité, de "vivre ensemble" (tolérance, respect de l’autre…), chemins vers la paix sociale pour répondre au mieux à la dignité de la personne humaine et au bien commun ?
D’autres se réjouissent de l’unité syndicale inédite depuis 12 ans. Quelle joie de marcher ensemble pour une même cause sans dissension ! Ils soulignent la diversité des cortèges : jeunes, féministes, syndiqués, retraités… Malgré les différences d’opinion, de convergence dans la lutte, ils marchent ensemble. Comme le dit le Pape François : « l’unité est supérieure au conflit » (cf. la Joie de l’Evangile).
Certains rapportent une hausse exceptionnelle du nombre d’adhésions dans les organisations syndicales. Tous se félicitent de cette confiance retrouvée entre les travailleurs et les syndicats, particulièrement chez les jeunes salariés, signe d’une jeunesse qui se forme au militantisme.
Colère, choc, incompréhension, maltraitance, mépris, désespérance sont des mots entendus après le passage en force du texte sur la réforme de la retraite, sa promulgation dans la nuit qui a suivi sa validation par le Conseil constitutionnel et l’allocution présidentielle. Un même mot d’ordre : « Tenir bon ».
« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous parlait » ?*
Sur nos chemins de vie, nos révisions de vie permettent d’accueillir toutes ces paroles, de relire tous ces évènements. Les relais, les propositions de rencontres, de débats nous aident à nous rendre proche de la souffrance, de la vie de toutes les personnes rencontrées.
Les paroles publiques de l’ACO sont écrites avec le terreau de ces vies recueillies. A nous de les faire fructifier, de leur donner de la valeur, de relire toutes les mises en mouvement créées par ce mouvement social.
Continuons d’être co-créateurs d’un monde meilleur en mettant au cœur de nos combats la question du travail et de la dignité de tous dans toutes les composantes de la vie.
À notre tour, racontons ce qui s’est passé sur la route…
Murielle Becel
12 juillet 2023 2023 par
Pour lutter contre les injustices, il faut tout autant descendre dans la rue que dans son intériorité.
La société actuelle et l’Eglise catholique sont en proie à de nombreuses crises de civilisation. L’actualité en donne 3 exemples. Les réformes injustes de l’assurance chômage et des retraites qui menacent la protection sociale et la solidarité intergénérationnelle. La remise en cause de l’accueil des migrants et de la solidarité internationale avec le projet de loi sécuritaire Asile et immigration. Et signe positif, la libération de la parole, notamment chez les victimes d’abus sexuels, suite au rapport Sauvé et au chemin synodal.
Face à ces situations, des acteurs se mobilisent. Guillaume (p.5), les équipes ACO de Roubaix Tourcoing Vallée de la Lys (p.6), Jean-Claude (p.10), Caterina (p.24) … témoignent de leur humanité. Le parcours Synodal ouvert par le Pape François met le peuple de Dieu en chemin, à l’écoute de l’Esprit pour penser une autre Eglise (dossier p.13-20). Le CCFD-TS œuvre pour un meilleur accueil des migrants (p.29). Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour une retraite digne et heureuse (p.4 et 32).
Un refuge pour préserver son humanité
Nous pouvons résister de bien des manières : militer, manifester, informer, dénoncer… Mais faire face à ce monde en crise demande parfois de s’y extraire ; à chacun son refuge comme espace des possibles pour changer le monde. Il est associé à une vie au vert pour certains. Au sortir de la crise covid-19, des urbains ont choisi de migrer en milieu rural pour se connecter à la nature, retrouver une forme d’autonomie et/ou répondre à l’urgence écologique. Pour d’autres, cela se traduit par le voyage afin d’aller à la rencontre de l’autre, de sa liberté… en woofing* à travers la France, en vacances à Malte… Quel que soit le refuge, il est question de déplacement – sans toujours aller loin - pour mieux se recentrer sur l’essentiel : soi.
D’abord soi, mais toujours relié
N’est-ce pas l’invitation faite par Jésus-Christ lorsqu’il proclame : « Aime ton prochain comme toi-même ». La deuxième partie de cette phrase, que nous avons tendance à négliger, indique l’importance de se connaître, de prendre soin de soi et de s’aimer, comme une condition de la relation d’amour à l’autre, au monde. Il y a là un appel à développer notre intériorité spirituelle pour enclencher un processus de conscience et de responsabilité : il mène à une conversion des cœurs, une transformation personnelle et sociale. Il existe des outils simples de pratique de l’intériorité pour s’enraciner au quotidien : méditation, contemplation, prière, écoute de la Parole et des Ecritures Saintes et Eucharistie pour les chrétiens…
Dans ce travail d’intériorité, la méthode du voir-juger-agir est un bon complément. Une expérience accélératrice de prise de conscience qu’offre l’ACO, comme tout mouvement d’Action catholique spécialisée. Chaque participant y pratique l’écoute, la bienveillance, l’altérité… tout cela dans l’intimité et la confiance d’une équipe. Cette expérience permet de mesurer sa manière d’être au monde et son pouvoir d’agir. Comme on ne peut pas s’en sortir tout seul, elle se vit avec d’autres et en présence du Christ. Cette communion fait toucher du doigt notre appartenance à ce grand Tout. En somme, la vie spirituelle soutient, nourrit et transforme le citoyen, le chrétien dans sa vocation à agir, à annoncer… pour un monde plus humain, plus juste et durable.
Sandrine Souprayen
21 décembre 2022 2022 par
Bonheur de vivre ou sécheresse mortelle, brouillard étouffant ou lueur de liberté : nos vies sont marquées par le soleil. A l’approche de Noël, de quel soleil sommes-nous proches ?
Quand nous parlions du soleil, autrefois, nous songions aux vacances, à la plage ou en montagne. Et nous entrions dans une douce rêverie en imaginant le repos, les promenades, les bains de mer, les moments heureux passés avec nos proches. Aujourd’hui, le soleil a parfois une image inquiétante : celle du dérèglement climatique. Il rime dans certaines de nos régions avec sécheresse, restrictions d’eau. Il a perdu une partie de sa superbe.
Le soleil, c’était aussi celui du bonheur de vivre espéré par les travailleurs, comme le chantait Jean Ferrat dans sa chanson « Au printemps de quoi rêvais-tu ? » : « vieux monde clos comme une orange – Faites que quelque chose change – Et l’on croisait des inconnus – Riant aux anges ». Ce soleil-là continue de briller, quand des salariés se lèvent et agissent pour défendre leur dignité. Quand des travailleurs précaires des plateformes de livraison commencent à s’organiser pour conquérir les premiers droits de leur profession. Quand des jeunes inventent de nouvelles manières de vivre ensemble pour préserver la planète et partager les biens. Quand des bénévoles consacrent du temps à préparer une fête avec des personnes seules ou démunies. Et quand des mouvements, comme l’ACO et le CMR, conjuguent leurs talents pour mieux construire l’avenir.
Le soleil perce le brouillard dans notre pays et aussi ailleurs dans le monde, chaque fois que des murs réputés infranchissables commencent à se lézarder. Albert Camus résumait dans une phrase fulgurante cette audace insensée que partagent les résistants de tous temps et de toutes origines : « j’ai découvert, au cœur même de l’hiver, que je portais en moi un invincible été ». Et c’est toujours vrai aujourd’hui. Les femmes iraniennes retrouvent la joie de vivre en défiant avec un courage exemplaire un régime totalitaire et misogyne. Les Amérindiens du Brésil trouvent enfin un écho à leur combat pour la préservation de la forêt amazonienne, avec l’élection du président Lula. Et le Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens prépare son assemblée générale 2023 à Lourdes, comme un signal international de dignité lancé face aux exploiteurs de tous poils.
A l’approche de l’hiver et de Noël, un autre soleil monte avec douceur au firmament de nos vies. C’est un enfant fragile nommé Jésus. Un Dieu d’humilité et de tendresse qui vient à nous, au cœur d’une famille modeste, pour nous ramener à l’essentiel. Non pas la consommation effrénée, la recherche de gloire ou de pouvoir. Mais la rencontre avec les autres personnes. Celles qui nous sont proches. Et parfois aussi celles que nos yeux ne voient plus. Le soleil de Noël n’est pas climatique ou publicitaire. Il nous réchauffe d’une autre manière. Il rayonne au plus profond de nos cœurs. Il dessine un nouvel horizon, celui d’une humanité plus fraternelle, en harmonie avec la planète qui lui a été confiée. Belles fêtes de Noël à toutes et à tous !
Jean-François Courtille
2 septembre 2022 2022 par
,Co-créateurs d’un monde meilleur ! C’était le thème de notre Rencontre nationale vécue pendant le weekend de la Pentecôte à Lourdes. Que de signes reçus pour être envoyés à notre tour à semer ces graines d’espoir, d’enthousiasme et de force pour construire l’avenir de l’ACO. Un grand élan d’optimisme nous a portés pendant ces trois jours ? Nous étions confortés par la joie des retrouvailles et l’envie d’être ensemble. Et pourtant les témoignages nous indiquaient que nous n’étions pas là par hasard. Nous étions tous d’accord pour affirmer que notre mission était de remettre la dignité de chaque être humain au cœur de nos préoccupations. C’est une conviction forte qui nous porte pour être co-créateurs d’un monde meilleur !
Alors oui, mais comment ? avec qui et pourquoi ? Quand le monde est chamboulé et meurtri par des bombardements en Ukraine, des migrants qui meurent enfermés dans des camions, des tremblements de terre et des séismes. Quand le monde régresse par la mise à l’écart de certains journalistes qui crient la vérité, par une annulation du droit à l’avortement ou par une dégradation des droits de l’homme dans certains pays. Comment redonner de la dignité à ces hommes et ces femmes qui subissent les pires conditions de vie ? Nous avons de grands défis à porter et à vivre tous ensemble.
Nous pouvons semer ces graines par nos actions dans nos lieux de vie. Elles ne sont pas minimes et construisent la solidarité, le faire ensemble, le bien commun. Aller à la rencontre des personnes privées d’emploi pour faire remplir une enquête, signer une pétition pour redonner toute leur dignité aux travailleurs en ESAT, s’intéresser et prendre des nouvelles de la personne qui nous sert à une caisse de magasin. Écouter les fragilités, les angoisses pour soutenir et aider les plus vulnérables, transmettre et aider par nos réseaux, nos savoirs. Ces petites attentions font du bien à ceux qui les reçoivent.
Se joindre et rejoindre les causes qui permettront de faire mouvement pour construire un monde meilleur. Fonder des espaces d’échange et de démocratie ; les élections législatives nous ont ouvert des portes. La Nouvelle union populaire écologique et sociale, issue du rassemblement de la gauche et de l’écologie, est peut-être le signe d’une volonté d’un faire ensemble autour de valeurs communes. Il faut se saisir de la dynamique qui nous a portés pendant ces campagnes législatives pour faire entendre nos voix et continuer à défendre les préoccupations exprimées par les hommes et les femmes, les travailleurs, les retraités, ceux qui n’ont plus grand-chose pour avancer et rester debout : le pouvoir d’achat, l’emploi, les retraites, la préservation de notre environnement et l’urgence climatique.
Alors oui, nous avons rejoint après cette belle rencontre nationale nos équipes, nos réseaux, nos vies, nos cartes de relations… avec des idées, des outils, des billes et des sourires et en tête cette petite phrase « co créateurs d’un monde meilleur ».
Sylvie Mérigard
31 août 2022 2022 par
Qui aurait cru, il y a presque quatre ans à Saint-Etienne, quand les délégués de la Rencontre nationale de l’Action catholique ouvrière adoptaient une résolution inviter à avancer au large et à jeter nos filets, qu’une une crise sanitaire planétaire viendrait interpeller toute la société et inviter à bien des conversions ? Voici deux ans que la Covid-19 est au cœur de notre quotidien. Au fond, cette crise est venue souligner et renforcer les grandes tendances du monde dans lequel nous vivons. Un monde marqué par des profondes inégalités (il n’est qu’à voir le fossé qui a séparé les pays riches et les pays pauvres dans l’accès au vaccin par exemple) et qui appelle toujours autant de profondes transformations. De Saint-Etienne à Lourdes, quatre ans plus tard, l’ACO garde le cap et nous invite à être « co-créateurs d’un monde meilleur », slogan de la future Rencontre nationale qui aura lieu à la Pentecôte (4, 5 et 6 juin 2022).
Pourtant quand on regarde le monde d’aujourd’hui, il n’invite pas franchement à l’optimisme. Au moment où ces lignes sont écrites, la guerre provoquée par Vladimir Poutine plonge l’Ukraine dans l’horreur. On ne peut d’ailleurs pas oublier que bien des peuples aujourd’hui souffrent des guerres, souvent dans l’indifférence. Régulièrement, l’actualité vient nous rappeler que l’Europe est devenue une forteresse, sourde à la détresse des migrants fuyant les guerres et les dégâts sociaux et économiques à propos desquels cette même Europe n’est pas exempte de responsabilité.
Alors, faudrait-il pour autant accepter de désespérer et rester penauds devant toutes ces forteresses des injustices et des inégalités ? faudrait-il laisser l’espérance de côté pour se replier chacun chez soi ? Quand on regarde bien, ces crises sanitaire, sociale, environnementale sont aussi les lieux où l’espoir d’un monde nouveau vient frapper à la porte. En pleine de crise du Covid-19 combien des gestes de solidarité, combien de coups de colère face à un service public dégradé par les politiques d’austérité, combien d’envies de changer ce monde ? Écoutons aussi ces jeunes qui soulignent régulièrement l’urgence de mesures pour faire face au réchauffement climatique. Un monde nouveau se cherche et laisse des prémices se révéler dans de multiples actions (il y a eu par exemple une grève historique à Amazon récemment, mouvement qui pointait les inégales distributions de revenus entre salariés et actionnaires).
A l’inverse du désespoir, sans doute faut-il nous laisser inspirer par ce souffle nouveau qui cherche toujours à faire triompher la vie sur la mort, et dont Pâques nous révèle toute la puissance d’amour de Dieu pour l’humanité souffrante. En 1977, le père Marie-Dominique Chenu, théologien et expert du Concile Vatican II écrivait ceci : « Je suis le partenaire de Dieu et co-créateur de ce monde en marche, et la preuve, c’est que, dans la mesure où je construis ce monde, je m’humanise en même temps, je deviens homme en construisant le monde (…) Et chaque fois qu’il y a transformation du monde, à chaque fois, il y a espoir, il y a une chance pour le Royaume de Dieu ». Ces paroles ont 45 ans. Mais elles demeurent d’une brûlante actualité !
Bruno Cadez
17 mai 2022 2022 par
Rarement une année nouvelle aura été placée aussi fortement à la croisée des formidables enjeux du monde à venir.
Préserver la planète pour les générations futures. Vaincre définitivement la pandémie du coronavirus et apprendre à combattre les autres pandémies. Construire une paix internationale fondée sur la justice et sur le respect de chaque être humain.
Accueillir dignement dans nos pays prospères les hommes et les femmes qui choisissent la voie de l’exil tout en créant les conditions pour que plus aucun être humain ne soit forcé à quitter son pays. Bâtir l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Faire la courte échelle aux enfants et aux jeunes pour qu’ils prennent leur place dans les sociétés d’aujourd’hui et du futur. Retrouver le bonheur de vivre ensemble, avec nos différences, et de dialoguer sereinement, dans un débat digne de nos idéaux démocratiques, notamment lors des présidentielles ou des législatives. Permettre l’accès de chaque personne à une formation de qualité, un emploi digne, des conditions de logement et de vie correctes, des activités culturelles, sportives ou associatives épanouissantes. Redonner leurs lettres de noblesse aux belles notions de bien commun et de service public. Réapprendre à partager nos richesses, nos savoirs, nos raisons d’espérer. Et pour nous, militantes et militants de l’ACO, marcher avec joie vers ce grand rendez-vous de la Pentecôte 2022, au cœur des Pyrénées, à la Cité Saint-Pierre de Lourdes, animés par le souffle du thème choisi pour la circonstance : « co-créateurs d’un monde meilleur ».
Bien sûr, les nuages qui s’amoncellent à l’horizon depuis des mois, en France et à travers le monde, pourraient nous faire douter de notre capacité à relever ensemble ces défis de l’avenir. Ne cédons pas à la peur ou à la tentation funeste du repli sur soi. Rappelons-nous les mots de cette chanson de Mannick et Akepsimas que beaucoup d’entre nous ont entonnée avec ferveur au temps de notre jeunesse : « Si l’espérance t’a fait marcher plus loin que ta peur. Tu auras les yeux levés. Alors tu pourras tenir jusqu’au soleil de Dieu ». Dans la nuit de l’occupation nazie, des femmes et des hommes de tous horizons, croyants ou non, profondément habités par une espérance humaniste, ont choisi de continuer à lutter malgré tous les risques encourus. Songeons à quelques-unes de ces figures lumineuses : Joséphine Baker, Jean Moulin, Missak Manouchian, Lucie Aubrac. Les résistants ont construit ensemble le « Programme des jours heureux » pour préparer le retour à la paix. La situation que nous vivons aujourd’hui, malgré sa gravité, n’est pas comparable à celle affrontée par les résistants. Alors, nous sommes capables, à notre tour, de traverser les moments difficiles pour retrouver le bonheur de vivre et de rêver d’avenir. Avec le secrétariat national de l’ACO, c’est notre plus beau souhait pour cette année 2022. Chères lectrices et chers lecteurs de Témoignage ACO, prenons la route ensemble, sans peur, dans l’espérance. Le soleil est au bout du chemin…
Jean-François Courtille
16 mai 2022 2022 par
« Compagnon de colère, compagnon de combat. Toi que l’on faisait taire, toi qui ne comptais pas. Tu vas pouvoir enfin le porter, le chiffon rouge de la liberté ». Ces paroles de Michel Fugain nous rappellent combien il est nécessaire d’oser prendre part aux débats qui traversent notre société.
La Pologne construit un mur avec la Biélorussie pour empêcher les migrants d’entrer en Europe. Les Talibans imposent le silence aux femmes afghanes, prisonnières dans leur pays. Et en France, les débats d’avant-présidentielle pataugent dans la rhétorique xénophobe de Zemmour, relayée par des médias que finance l’industriel Bolloré. Pourtant, les défis majeurs de notre époque se situent ailleurs.
D’abord, l’urgence environnementale. La COP 26 ayant accouché d’une souris, le dérèglement climatique va s’aggraver. Déjà, l’Inde a institué un confinement à New Delhi, pour combattre la pollution générée par le charbon. La question de l’emploi devient brûlante. Avec son décret sur la transformation de l’assurance chômage, le gouvernement français raye d’un trait de plume des milliers de travailleurs précaires, les sacrifiant sur l’autel des ‘bons chiffres du chômage’. Et les entreprises pourront continuer impunément d’abuser des contrats précaires. Enfin, notre pacte républicain se délite. Les citoyens croient moins aux vertus de la démocratie. Les quartiers populaires sont abandonnés à la pauvreté, parfois au communautarisme. La transmission des valeurs républicaines est plus compliquée, mettant en danger la vie des enseignants éclairés et courageux comme le fut Samuel Paty. Et le service public est partout battu en brèche, comme dans les hôpitaux où la crise sanitaire exerce à nouveau ses ravages. Ce tableau inquiétant ne doit pas masquer les dynamismes qui travaillent notre monde et notre société.
La mobilisation internationale des citoyens pour le climat est toujours aussi forte. L’appel lancé par Greta Thunberg a été entendu. Partout, des collectifs se mobilisent, notamment pour défendre la forêt amazonienne ou pour faire entendre la voix des pays menacés par la montée des eaux. En France, pour la première fois depuis 1945, le scénario d’une sécurité sociale intégrale a été imposé par les syndicats face au MEDEF et aux assureurs. Des milliers de militants mènent un travail de terrain remarquable, dans les quartiers, les villages, les entreprises ou les services publics. Enfin, les femmes continuent à lutter pour faire reculer les violences à leur encontre et construire l’égalité des droits avec les hommes. Dans ce monde en proie aux soubresauts, l’esprit de Dieu est à l’œuvre : à travers des actions collectives, des gestes de solidarité et des prises de paroles publiques. En ACO, nous recueillons les contributions au rapport d’activité du mouvement et nous mesurons la force de ce levain dans la pâte humaine. L’audace de débattre, nous la vivrons lors de notre Rencontre nationale 2022 à Lourdes. Et nous pouvons aussi oser ce débat là où nous vivons. Pas seulement en nous préparant à voter en avril. Avec nos partis, nos syndicats, nos associations, nos comités de quartier, nos médias de proximité, une parole libre est encore possible. À nous de relever ce défi. Notre avenir en dépend.
Jean-François Courtille
Rien pour ce mois