Après avoir intégré le monde du travail, malgré la maladie, très tôt, la relation employeur-employé fut bousculée par la reconnaissance de ma qualité de travailleur handicapé (TH). Un parcours du combattant, dès l’âge de 20 ans, s’imposa qui, au fil des ans, devint combat d’espérance.
Ce parcours fut émaillé de tas d’évènements, où d’étapes en étape j’ai dû évoluer. Le Seigneur était là, me bousculant tant de fois… à tel point que le lien entre la vie et la foi m’interrogeait sans cesse. Il me fallut me battre au niveau emploi car être embauchée avec l’étiquette TH n’est pas évident ! La maladie suivait son petit bout de chemin et les traitements m’immobilisaient ; j’étais donc souvent en arrêt maladie.
Des liens qui aident à tenir bon
Faire face fut un « aller vers », notamment avec l’Association des Paralysés de France (APF) qui est venue donner un but à ma vie. Que de mains tendues au bon moment pour me relever. Bref, j’étais en lien, c’était précieux !
A l’âge de 30 ans, terrible épreuve… ! Un temps de révolte intense par cette mise en invalidité que j’avais tant repoussée. Par miracle je rencontre la FCPMH (Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées), la FRAT et qui donna un sens à ma vie. Ce « lève-toi et marche » de l’Évangile était moteur. J’y ai cheminé pendant 30 ans. Devenue responsable d’équipe c’était loin d’être une promotion mais un don du ciel me permettant de me mettre au service. J’y ai reçu tant de paroles encourageantes. On m’a dit « va » ou encore « ici, ça sert ton Évangile ». Et cet Évangile, on nous demande d’en vivre.
Notre équipe partageait un local avec un club du quartier et nous avions pignon sur rue. Cette présence d’Église au cœur du monde avait un côté plaisant. Ma mission en FRAT, notre mission d’équipe : être apôtre d’autres personnes malades et handicapées. C’était vivifiant quand nous créions-invitions-animions des espaces de parole, orientés vers divers groupes… où chaque fois, au contact de chacun, nous grandissions.
J’étais emballée par les dimensions du Mouvement. Je me laissais questionner par le Christ, il était dans ma vie. Mais malgré tout ce que j’y vivais, trop, c’était trop ! En effet j’étais atteinte d’une myasthénie et je devais être très prudente avec la répétition des mouvements.
Je vivais vraiment un face à face poignant avec le Seigneur. Les jours suivant, je fus appelée à agir uniquement dans la proximité et à rejoindre le CCAS. Malgré les difficultés, je m’y suis épanouie.
Faire peuple
Chaque année, aux alentours de Noël, en équipe, nous rejoignions la Mission ouvrière. Des échanges, très riches ! Nous apportions notre témoignage et affirmions nos différences. Petit à petit j’ai appris à vivre pleinement, autrement. Pour autant j’ai poursuivi le combat, tant auprès du monde médical que paramédical, afin d’y défendre mes droits. L’AFM (Association Française des Myopathes) fût, pour moi, un précieux secours.
Avec cette association tout un élan démarra avec le club du quartier pour organiser le Téléthon en partenariat avec la mairie. Motiver chacun, faire bouger, faire connaître la maladie et les recherches, informer des avancées, mettre des personnes en lien, c’était ma façon de « faire peuple » avec d’autres.
Après la Frat, j’ai rejoint l’ACO, bien présente sur le terrain et aujourd’hui, à 71 ans, je m’y sens bien à ma place. Avec Marie-Claire nous devenons responsables d’équipe en tandem. Tout au long de ce parcours, la prière m’a toujours accompagnée et le sacrement des malades fût une force intense pour propulser ici où là, en étant proche de chacun.
Chemin des hommes, chemins de Dieu
Chaque jour n’est-il pas commencement ?
Cécile