Tendresses souterraines
Les couloirs du métro bruissaient de toutes parts
Et ses rames emportaient tant de cœurs alourdis.
Il gisait là, tout seul, exclu de notre histoire,
Venu d’on ne sait où, de quelle profonde nuit.
La vie pour cet homme-là ne semblait pas très tendre.
Lui refusant souvent ce que d’autres gaspillaient ;
Dans ce monde où chacun pense que tout est à vendre ;
Et que tout se résume à quelques gros billets.
Il avait tout l’aspect d’une figure biblique.
De celles qu’un Isaïe annonçait à grand cris.
Souffrant, défiguré, raillé par un public,
Qui l’avait condamné, lui crachant son mépris
Et voilà que, pourtant, une voix se fit entendre :
Du haut de ses vingt ans, une fée pencha vers lui
Sa beauté, sa jeunesse, son cœur prêt à se fendre
Avec pour seul désir de lui redonner vie.
Elle s’était accroupie pour un vrai face à face,
Un moment de tendresse, à hauteur de Celui
Dont sainte Véronique a essuyé la face.
Il était là, présent, notre frère, Jésus-Christ.
Un sourire, un regard, se mettre à la hauteur…
Il suffit de si peu pour insuffler la vie !
Fasse qu’en vidant nos poches, nous ouvrions nos cœurs
Pour au bout du chemin, dire : « Tout est accompli ».
Thierry Dubois