Dans cette Rome pécheresse et fidèle,
un jour, une onction a fleuri en moi :
"Prêtre pour toujours"
m’as-tu dit alors, Seigneur.
Vingt-cinq ans vécus sur ces routes de Dieu,
avec les matins de Pâques et les après-midi de douleur,
avec les fidélités de fils et les faiblesses du pécheur,
avec les mains dans la terre des hommes,
de ce peuple que tu m’as donné, Seigneur.
Ma vie était comme le ruisseau :
annoncer l’alléluia aux pauvres et le polir de l’intérieur.
Je partage ma joie avec ce peuple
et ces silences de rencontres avec toi, seul, Seigneur.
Ma vie était comme ces saules
juste au bord de la rivière,
pour donner de l’ombre sans plus.
Ma vie était comme un chemin
le long d’un lieu couvert de sable,
pour que le peuple puisse le traverser
en pensant : « Nous devons continuer
juste à marcher sans plus ».
Ma vie était comme plante épineuse
secouée par les vents et accrochée à toi, Seigneur…
gardien de nuits d’étoiles pour chuchoter à chacun :
"Quand la vie se cache parmi les épines,
Une fleur fleurit toujours. "
Ma vie aujourd’hui chante de joie pour toi, Seigneur.
C’est un mystère qui a fait son chemin
dont j’ai déjà parcouru une bonne distance, Seigneur…
Ma vie est une table qui accueille et célèbre
Les grappes mûres que ton sang a fécondé, Seigneur…
Bienheureux Mgr Enrique Angelelli (1923-1976)