Chômage : sortir des discours dominants
Des personnes qui fuient les repas de famille pour ne pas avoir à parler de sa situation, de peur de devoir révéler à d’autres, que l’on est sans emploi. Des hommes, des femmes qui sont régulièrement ciblés par un discours blessant, culpabilisant laissant entendre qu’il suffit de chercher pour trouver du travail ou que les indemnités chômage seraient quasiment un privilège. Ce n’est pas d’aujourd’hui que des propos à l’emporte-pièce montrent du doigt des chômeurs. Pour autant, dans la dernière période, cette idéologie s’est fortement imposée, dans des propos entendus jusqu’au plus haut niveau de l’État. On se souvient de cette scène du président de la République, Emmanuel Macron, affirmant à un jeune chômeur en pleine galère qu’il suffisait de « traverser la rue pour trouver du travail ». La réforme de l’assurance chômage, pourtant rejetée par tous les syndicats de travailleurs et les associations de chômeurs est elle aussi empreinte de cette idéologie qui consiste à rendre le chômeur responsable pour dédouaner une logique économique qui fait de l’humain et du travail un coût à réduire au profit de la finance. Il est plus facile d’attaquer les chômeurs que de s’en prendre au pouvoir de ceux qui provoquent le chômage. Pour ne pas se laisser prendre au piège du discours dominant l’heure n’est-elle pas à se retrouver pour faire entendre d’autres paroles, surtout dans cette période de crise sociale et sanitaire aux conséquences douloureuses ? Parlons-en !