« Un jour pourtant, un jour viendra, couleur d’orange. Un jour de palme, un jour de feuillages au front. Un jour d’épaule nue, où les gens s’aimeront. Un jour comme un oiseau, sur la plus haute branche ». Cette poésie d’Aragon nous parle d’amour, de fraternité, d’espoir. Elle nous aide à continuer de rêver, alors qu’il est parfois tentant de sombrer dans le pessimisme ou le fatalisme, quand l’humanité et la planète semblent fragilisés aujourd’hui.
Le seul chemin d’avenir
Militants de l’ACO, nous sommes habités par une conviction profonde, que nourrit le message du Christ : la fraternité est le seul chemin d’avenir. La recherche de cette fraternité implique un effort quotidien, une discipline du cœur et de l’esprit. Elle nous invite à regarder chez les autres, avant tout, leurs qualités et leurs talents, autrement dit tout ce qui constitue leur humanité. J’imagine parfois ce qui arriverait si nous devions rencontrer un jour une créature extra-terrestre douée d’intelligence. Nous comprendrions alors, d’un seul coup, à quel point tous les Terriens se ressemblent, face à cette autre forme de vie qui ne manquerait pas de nous surprendre. Pourquoi dès lors s’acharner à regarder chez l’autre, chez les autres, la différence qui gêne au lieu de la diversité qui enrichit ? C’est le défi des mois qui s’annoncent, jalonnés par des rendez-vous majeurs comme celui des élections européennes. Le scrutin continental de l’année 2024 est l’occasion de nous rappeler que l’Europe a été construite, avant tout, pour bâtir la paix entre les peuples européens meurtris par une guerre sauvage. Cette fraternité, rêvée par des hommes et des femmes que la folie meurtrière du nazisme avait fracassés, est devenue réalité. Sa fragilité actuelle ne doit pas nous faire oublier son importance pour l’avenir.
Rencontrer et partager
La fraternité ne se résume pas à une manière d’être avec autrui. Elle se traduit par des actes concrets. Elle passe par l’audace de la rencontre avec les autres. Et aussi par le partage des richesses ou des connaissances. Tous les êtres humains, tous les peuples n’ont pas bénéficié des mêmes chances. Certaines personnes ont grandi dans des familles aimantes, sans connaître les fins de mois difficiles ou les soucis de santé. Certains pays sont épargnés par les guerres, les pénuries ou les catastrophes naturelles. Cela donne à ces personnes et à ces pays un devoir de fraternité. L’égoïsme et la rapacité sont les vecteurs de la frustration et de la haine. L’altruisme et le sens du partage éveillent l’amitié entre les êtres et la fraternité entre les peuples. Ce sont des horizons accessibles. Alors oui, cette année, osons la fraternité !
Jean-François Courtille