Alors oui, nous n’avons pas eu la possibilité de fêter Pâques dans nos paroisses mais nous avons trouvé comment célébrer la résurrection de Jésus. Chacun à son niveau a pu participer à cet élan de solidarité en créant des liens nouveaux de proximité, en proposant son aide dans le voisinage, en faisant don de tissu pour la confection de masques, en appelant régulièrement des personnes pour veiller à ce qu’elles se portent bien. Ces gestes de fraternité nous donnent des raisons d’espérer, de voir la lumière et de sortir de nos tombeaux.
Mais cette crise sanitaire révèle les dangers d’une obsession économique, d’une logique de productivité et amplifie les inégalités sociales. Ce besoin frénétique pour des actionnaires d’amasser toujours plus de profits, cette peur irrationnelle de manquer qui pousse certains à une surconsommation démesurée mettent en lumière les conséquences de notre modèle de développement. Des personnels soignants sont touchés de plein fouet par ce virus en voulant sauver des vies, des ouvriers qui n’ont pas d’autres choix que d’aller travailler pour nourrir leur famille se retrouvent malades, d’autres sont présents à leur poste de travail pour assurer notre quotidien mais se mettent en danger.
Demain, il sera nécessaire de repenser notre modèle de société, de corriger les enjeux néfastes du développement sur notre environnement, de mettre la vie au cœur de nos préoccupations plutôt que la compétitivité et la productivité. Au lendemain des élections municipales, des communes l’ont bien compris. Elles sont en première ligne pour apporter soutien, aide de proximité et réconfort pour les plus fragiles. Les actions et les chaînes de solidarité se mettent en place pour répondre aux besoins de première nécessité et pour que chacun puisse vivre au mieux ce confinement. Et tout ceci dans un contexte gouvernemental qui se perd dans des explications et informations souvent contradictoires, et des arguments défensifs pour pallier les manques de mesures efficaces destinées aux plus fragiles et aux plus précaires.
Aujourd’hui, il nous appartient de mettre en avant ces gestes de solidarité qui sont les signes pour construire notre bien commun de demain. Cette période difficile est peut-être une chance à saisir pour changer nos modes de vie, retrouver le sens de l’entraide, de l’attention à l’autre et vivre un monde plus juste et fraternel.
Réflexion
Dans sa lettre aux mouvements populaires, le Pape François nous interpelle.
• Cette situation exceptionnelle a-t-elle modifié nos façons de faire et d’être avec les autres ?
• Quels chemins de conversion avons-nous pu déceler en nous ou autour de nous ?
• Quels signes nouveaux pouvons-nous mettre en place individuellement et collectivement pour construire le bien commun de demain et un monde nouveau ?
Sylvie Mérigard