Je m’appelle Paul Alauzy, j’ai 30 ans et je suis originaire des Vosges. Je suis un militant pour les droits humains, notamment ceux des exilés. Depuis 2015, je suis engagé auprès de cette population dans les rues, campements et squats de Paris et de sa proche banlieue. En 2018, j’ai rejoint la mission de veille sanitaire et permanence psychosociale de Médecins du Monde (MdM) qui intervient auprès de cette population. Je suis arrivé comme stagiaire.
Créer un espace sécurisé et solidaire pour des gens qui ont un parcours d’exil traumatique
Aujourd’hui, je suis coordinateur de ce programme de 3 salariés et d’une quarantaine de bénévoles. Notre mission est d’assurer des cliniques mobiles et des maraudes médicales auprès des exilés rencontrés sur les lieux de vie informels. Elle est aussi de plaider en faveur de l’amélioration de leurs conditions de vie et d’un accès effectif et indiscriminé aux soins. Chaque semaine, nous nous déployons en moyenne 4 à 5 fois sur le terrain. Nous organisons aussi une permanence consacrée à la santé psychique pour recevoir les personnes avec une équipe pluridisciplinaire et les accueillir dans nos locaux. Nous faisons un gros travail d’accueil collectif afin de créer un espace sécurisé et solidaire pour des gens qui ont un parcours d’exil traumatique et survivent à Paris dans des conditions inhumaines.
Montrer que des alternatives existent
MdM étant une association militante, en plus du terrain, de la gestion de mon équipe et de mon projet, une grosse partie de mon travail comprend ce que nous appelons le plaidoyer. J’ai à coeur d’entraîner tant que possible MdM dans des efforts politiques collectifs avec nos partenaires associatifs et militants et de faire résonner bruyamment nos combats associatifs. Cet engagement politique me passionne, il est un véritable vecteur d’émancipation pour moi : nous agissons concrètement au quotidien sur le terrain. Devant les politiques maltraitantes de l’Etat envers les plus fragiles, nous rivalisons de propositions et de critiques constructives pour montrer que des alternatives existent. Dans toute démocratie en bonne santé, les corps intermédiaires et les organisations de la société civile doivent se faire entendre pour accompagner le changement social.
La lutte pour l’accueil digne des personnes exilées
Plus jeune, j’ai d’abord été touché par la question environnementale et les mouvements altermondialistes. En quittant mon petit village vosgien et en arrivant à Paris à mes 18 ans, je me suis pris une véritable claque en étant confronté au phénomène du sans-abrisme. Il était impensable pour moi de ne pas me rendre utile, de rester passif et de détourner le regard. J’ai donc commencé à m’engager dans des maraudes et de fil en aiguille, je me suis professionnalisé dans ce domaine. La lutte pour l’accueil digne des personnes exilées est devenue centrale dans ma vie quotidienne.
Le Revers de la Médaille
A ce jour, un des plus beaux accomplissements militants de ma vie reste ma participation active au collectif Le Revers de la Médaille. Avec l’arrivée des Jeux olympiques à Paris l’été 2024, nous avons constaté sur le terrain la mise en place d’un grand nettoyage social par les autorités. Il en a résulté l’expulsion de près de 20 000 personnes à la rue et/ou en habitats précaires dans toute la région Ile-de-France et ce en un an et demi. Nous avons réussi à réunir une centaine d’associations de terrains et avons combattu ce phénomène de manière déterminée, constructive et joyeuse. Notre campagne a eu des échos partout dans le monde. Aujourd’hui, nous avons la chance d’être en lien avec de nombreuses villes et groupes militants qui se mobilisent contre les travers des JOP. Et pour la défense des populations les plus marginalisées.
Paul Alauzy
Illustration : Paul Alauzy – Crédit Daurey M-G
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