Si je devais énumérer la somme des événements à l’origine du chaos ressenti par le plus grand nombre d’entre-nous, je crains que les 3 000 signes qui me sont attribués pour cet édito ne suffisent pas !
Aux quatre coins du monde, les conflits armés se multiplient, se nourrissant de l’avidité des uns, de la lâcheté des autres. À l’image de la France, l’instabilité politique s’installe avec une forme d’impuissance dont les premières victimes sont les plus démunis, les plus fragiles. Il en résulte un désintérêt grandissant et une immense méfiance du citoyen tant vis-à-vis de la sphère politique, des institutions que du monde syndical. Ceux qui nous gouvernent sont arrivés au pouvoir par défaut, remparts fragiles contre un populisme menaçant qui grappille du terrain, élections après élections. D’aucuns préconisent une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale quand d’autres militent pour la démission d’un Emmanuel Macron qui s’accroche aux branches, nommant tour à tour des Premiers sinistres compatibles avec sa vision des choses et/ou susceptibles de tenir quelques mois.
Chez nous comme ailleurs, Dame Nature, elle-même, exprime sa révolte devant la désinvolture de l’humanité à son égard par toutes sortes de cataclysmes qui échappent aux prévisions des météorologistes et autres scientifiques. On nous propose alors quelques mesurettes, pansements sur une jambe de bois, qui survivent rarement à une situation économique délétère.
L’Église catholique, de son côté, tangue sous les coups de butoir des affaires qui viennent au jour après des décennies d’aveuglements mortifères et de silences coupables.
Certaines applications, hélas très présentes sur les smartphones de nos ados, ne proposent rien de moins que le suicide comme moyen radical d’échapper à ce marasme ! Sommes-nous à ce point déboussolés ? Où sont passés nos repères, nos valeurs ?
Je vous propose de relire ensemble le passage d’évangile de « La tempête apaisée » *. On y voit l’appel affolé des apôtres : « Seigneur sauve-nous, nous périssons ! » qui réveille un Jésus endormi. Tiré de ce sommeil fort pédagogique, Jésus interroge la foi de ses apôtres. Ne lisons pas ce texte comme la belle histoire que l’on raconte aux enfants le soir au coucher. Ayons le souci de l’actualiser afin que, quelle que soit la barque dans laquelle nous sommes montés, nous ayons la certitude que le Fidèle des fidèles ne nous abandonnera jamais. Acceptons devant lui d’admettre nos limites et de nous remettre en question. Une fois aguerris, il nous invitera à gagner le large et à jeter les filets pour le bien de frères et sœurs et le nôtre.
Bien sûr, ce n’est pas avec une seule page d’évangile que nous résoudrons l’ensemble des problèmes de notre époque ! Il nous revient cependant d’inviter celles et ceux vers qui nous sommes envoyés à ensemble : ouvrir grand les yeux pour voir, ouvrir notre cœur à la Parole pour juger et à nous appuyer sur l’Esprit pour un agir incarné et mobilisateur. A la névrose d’une humanité aux abois, opposons l’amoureuse folie d’un Dieu patient qui n’a de cesse de nous faire grandir jusqu’à Lui.
Thierry Dubois
* Matthieu 8, 23-27 ; Marc 4 35-41 ; Luc 8, 22-25








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