Ce cri de l’Abbé Pierre sur les ondes de RTL le 1er février 1954 est entré dans l’histoire. Pouvait-on imaginer que, 70 ans plus tard, de telles situations seraient toujours d’actualité ? Malgré la multiplication et le redéploiement permanent d’œuvres humanitaires de tous horizons, la pauvreté hante nos cités et nos campagnes. Les banderilles que l’Abbé n’a cessé de planter, dans les flancs de nos consciences alourdies, n’ont pas suffi à vaincre une misère qui s’accroche aux aspérités de tant de comportements inadaptés. Emmaüs a multiplié ses actions envers les mal-logés. Coluche a ouvert ses restos. ATD-Quart-Monde, le Secours populaire, le Secours catholique et tant d’autres acteurs humanitaires investissent toutes leurs forces dans la bataille mais le constat est là : les besoins se font, chaque année, plus importants, mettant en échec la vigueur du tissu associatif.
« Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous. ». (Mc 14, 7)
Jésus nous avait avertis : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous ». De fait, notre société suscite toujours plus de pauvreté et semble s’en accommoder. Comment expliquer qu’aujourd’hui, un salarié puisse être contraint de dormir dans sa voiture ? De droite comme de gauche, les gouvernements se succèdent sans apporter de réelles réponses. Et voici que des guerres et des catastrophes de toutes sortes viennent aggraver une situation déjà préoccupante ! On aurait pu espérer que l’Europe fédère les énergies pour lutter efficacement contre ce fléau. Mais en la matière comme en beaucoup d’autres, les intérêts financiers prédominent et l’ambiance actuelle n’augure rien de bon quant aux élections qui approchent.
Un monde meilleur… continuer d’y croire !
Si la situation semble désespérée, des hommes et des femmes ne cessent de se lever pour faire advenir un monde meilleur auquel ils continuent de croire. Ils ont compris, par ailleurs, qu’il s’agit moins de faire pour les pauvres que de faire avec eux. « Nul n’est assez pauvre pour ne rien avoir à donner » affirmait l’Abbé Pierre. D’où son invitation à celui qui allait devenir le premier compagnon d’Emmaüs : « Viens m’aider à aider. ». Ainsi, l’aidant et l’aidé font cause commune, unissent jusqu’à leurs faiblesses respectives pour découvrir, dans la solidarité, une force insoupçonnée et une dignité préservée.
Faire un pas vers l’autre, ce n’est pas seulement lui donner une chance. C’est aussi se donner celle d’exister à travers de vraies relations et un projet commun, loin des peurs fantasmées entretenues par certains. Reste ensuite à régler nos pas pour avancer ensemble dans l’harmonie et la confiance, convaincus, comme notre infatigable Défenseur des pauvres, qu’« il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien ».
Thierry DUBOIS
L’Abbé Pierre, l’homme de Dieu en tenue de service
« Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée, cette nuit (...) sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… »
- Thierry Dubois
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