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        Jour 6 du déconfinement

Jour 6 du déconfinement


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  • 17 mai 2020
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Les temps difficiles, comme ceux que nous vivons actuellement, nous semblent figés et bien longs. Nous aimerions déjà être libérés de ce qui pèse sur nous. En voici un qui attendait, et depuis longtemps !

« Pierre arriva chez les croyants qui habitaient Lydda. Il trouva là un homme du nom d’Enée couché sur une paillasse depuis 8 ans ; il était paralysé. Pierre lui dit : "Enée, Jésus Christ te guérit. Lève-toi et fais toi-même ton lit." Aussitôt il se leva. Tous les habitants de Lydda et de la région de Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur. » Ac 9, 32-35

Depuis 8 ans ! 8 ans d’immobilité, de paralysie ! Nous n’en sommes pas là ! Mais Pierre, à la suite de Jésus, ne supporte pas cette vie amoindrie, réduite à l’immobilisme, et certainement à la mendicité et à la dépendance, comme c’était alors le cas. La rencontre avec la parole de Jésus le libère, le remet d’aplomb, lui redonne sa dignité. Et Enée prend place dans la longue file de ceux que Jésus a relevés. N’avait-il pas déclaré que sa mission consistait en « une année de bienfaits de la part du Seigneur » ? Et le premier de ces bienfaits, n’est-ce pas de remettre l’homme debout, en marche.

Chaque fois que Jésus rencontrait quelqu’un, ce n’était jamais pour souligner ce qui était négatif, mais bien plutôt pour lui ouvrir un avenir. Il disait : “tu peux voir, tu peux parler, tu peux marcher. Essaie, risque-toi…” Et sur cette confiance qu’on lui faisait, paralysie, aveuglement, mutisme étaient éradiqués. Cette manière de faire, Pierre nous montre qu’elle n’est pas un privilège réservé à Jésus, mais un comportement à reproduire vis à vis des autres. Ce que Jésus faisait, à nous aujourd’hui de le poursuivre. A sa suite, être semeur de bienfaits, échanger des paroles et des actes qui remettent en marche, qui permettent de mieux voir, d’être davantage à l’écoute. Un terme emprunté à la publicité me semble résumer cette attitude fondamentale : “Il faut positiver !“

Jésus savait mettre en relief ce qu’il découvrait de positif. Jamais, il n’accablait le pécheur sous sa faute. Au contraire, il soulignait le moindre geste de foi : “O femme, grande est ta foi ! ” Mt 15,28.

Il y a bien des domaines où cultiver cette manière de vivre ! Déjà, en couple, ne faudrait-il pas “positiver” plus souvent. Savoir se dire simplement ce qui rend heureux. Quel temps donné à s’exprimer le bonheur d’être ensemble et la joie de s’aimer ? Ceci non seulement dans les premières années du mariage, mais après 10, 20, 30, ou 40 ans ! Et ne pas hausser le ton, seulement pour s’expliquer quand ça va mal !

Entre parents et enfants, n’est-ce pas trop souvent les paroles aigres-douces ? Un certain nombre de jeunes et d’adolescents sont assez lucides pour le reconnaître : “En famille, je suis souvent agressif, renfermé, désagréable. J’envoie facilement balader les parents, et pourtant je les aime bien, je trouve même qu’ils sont chouettes.” Eh bien, de temps en temps, au lieu de montrer ta mauvaise humeur, dis-leur que tu les aimes. Et toi, père ou mère, prends le temps de souligner ce que tes enfants font de bien, pour les inciter à aller de l’avant au lieu de relever les manques et les échecs. Oui, prendre la parole pour dire le positif, prêter attention à ce qui rend heureux, à ce qui fait naître un sourire, quel beau programme !

Dans notre vie quotidienne comme dans nos relations familiales, nous sommes souvent victimes des médias, où tout est fait pour souligner le négatif. Est-ce que nous ne vivons pas sous influence, reproduisant chez nous et autour de nous le même modèle, colportant la grisaille et la résignation ?

Développer une attitude positive implique de savoir cultiver le beau et le bien. Cultiver, parce qu’il est nécessaire d’y donner du temps. Observer, recueillir, trier et garder le meilleur. Cultiver le beau, c’est s’attarder aux belles choses à voir : prendre le temps de contempler un beau paysage, s’étonner de la splendeur d’un coucher de soleil, admirer un ciel étoilé ! C’est encore s’extasier devant la mimique d’un enfant, découvrir la sagesse dans le regard du vieillard, vibrer à l’enthousiasme d’une foule en fête… Cultiver le bon, pour goûter les instants d’amitié et de générosité qui ensoleillent une journée, s’arrêter aux riches moments de partages, apprécier la joie d’être là ensemble, unis par la même passion et heureux de se comprendre, parfois sans rien se dire…

Cultiver ne fait pas bon ménage avec “zapper” d’images en images. Le beau et le bien ont besoin de temps et de silence pour laisser une empreinte profonde. Comme pour un apprentissage, il est bon d’y revenir et d’y revenir souvent. C’est une éducation du regard et du cœur. Peu à peu, je deviens davantage sensible au beau et au bien et je suis capable de “positiver”. Prendre en compte d’abord le positif, l’exprimer dans nos paroles, l’écouter chez les autres, voilà des démarches indispensables pour vivre et bien vivre. Loin de ressasser ce qui va mal, loin de nous laisser encombrer par des pensées tristes et négatives, il est bon de s’ouvrir à ce qui chante et enchante. Cultiver et respirer un air sain, travailler à un climat agréable, en un mot “positiver.”

Dans les témoignages que plusieurs ont déjà envoyés, certains notent que le temps du confinement leur les a amené à mieux prendre en compte la richesse et la beauté des petites choses de la vie : « Cela m’a permis de me concentrer sur l’essentiel, la famille, la prière et retrouver une alimentation saine, sans être parasité par les sollicitations extérieures. Ce qui va changer, je pense, c’est de prendre plus de temps pour faire les choses, de s’octroyer des moments à soi, des moments de réflexion. »

En langage religieux, positiver se traduit par “bénir”, c’est-à-dire “dire le bien, exprimer le bon”. Voilà une attitude à vivre et à développer dans toutes nos relations. Raviver les instants de bonheur, leur donner toute leur force, en être renouvelés, pour que l’amour prenne le pas sur la grogne et le doute.

“Bénir“, dès les premières pages de la Bible, décrit l’attitude de Dieu vis à vis de l’homme et du monde : « Il les bénit et leur dit : “Portez du fruit, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la… » Gn 1,28. « Et Dieu vit que cela était bon, très bon ! » Gn 1,31. Dès le début le regard de Dieu “positive”. Quelle révolution, si d’emblée nous adoptions sa façon de voir, ne retenant des choses et des gens que ce qui est bon, pour nous en nourrir et le partager ! Bénir, comme une attitude de fond, pour accueillir la fidélité de Dieu et mettre en valeur le beau et le bien en tous ceux que nous rencontrons !

Alain Patin

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