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        Jour 26 du confinement : demain la Pâque !...

Jour 26 du confinement : demain la Pâque !...


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  • 11 avril 2020
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« Et voici que ce jour-là, deux d’entre eux, se rendaient à un village nommé Emmaüs… » Lc 24,13. Ce jour-là, c’est le troisième jour depuis que leur espérance est morte, avec le Christ crucifié et mis au tombeau. Ils s’en vont, l’air éteint ; ils s’éloignent de Jérusalem. Ils tournent la page, c’est fini. Et pourtant, ils avaient répondu, ils avaient tout quitté, pensant que Jésus serait le libérateur du peuple et des exclus. Et voilà : les puissants l’ont écrasé ; sa voix s’est tue ; le couvercle pesant de l’indifférence et de l’ordre injuste est retombé plus lourd encore.

Mais voici que quelqu’un s’approche, un inconnu ; il marche à leurs côtés ; il se mêle à la conversation : « De quoi causez-vous, tout en marchant ? » Il fait l’ignorant et pose des questions ; il les pousse à raconter ce qui est arrivé et à exprimer leurs espoirs déçus, et par bribes ce qu’il en reste, sans trop y croire !

L’inconnu se met à parler ; il part de très loin, de l’histoire de leur peuple, histoire faite de moments intenses, de victoires et d’exploits, mais aussi de défaites et de détresses ; une histoire où, ils le savent bien, Dieu s’est fait connaître. Il est apparu avec une fidélité et une ténacité à toutes épreuves ; jamais, même aux moments les plus sombres, quand tout semblait éteint, jamais il n’a abandonné son peuple. Découverte plus importante encore, ces moments difficiles, presque insupportables, se sont révélés être des moments où germait quelque chose de vraiment neuf. C’est au cœur de la nuit noire que s’est dévoilée la beauté de la lumière du matin. Il finit par conclure : « Ne fallait-il pas que le Messie souffre tout cela pour entrer dans sa gloire (pour révéler ce qu’il était) ? »

Puis l’inconnu fait mine de s’en aller ; il n’impose pas sa présence, ni son explication des événements. Mais quelque chose s’est allumé dans leur espoir éteint ; avec insistance, ils l’invitent au repas : « Reste avec nous, car le soir vient et déjà le jour baisse. » Quand il prend le pain pour leur partager, comme lors du dernier repas de Jésus avec ses disciples, ils le reconnaissent ; ils comprennent qu’il est vivant, que sa mort n’est pas une impasse, un fiasco de plus, mais qu’elle donne sens à toute leur existence. Pourtant déjà il a disparu ; il les attend plus loin sur le chemin, mais en eux s’est inscrite une trace de lumière ineffaçable : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, quand il nous parlait sur la route et qu’il nous expliquait les Ecritures ? »

Et ils ne peuvent en rester là ; de nuit, malgré les dangers, ils reprennent la route pour annoncer : « Le Seigneur est ressuscité ! » Il leur faut partager cette espérance, née au plus noir de leur aventure. On sent que désormais plus rien ne pourra l’abattre ; elle a jailli du tombeau, avec le Christ qu’ils ont rencontré à nouveau vivant.

J’aime ce Dieu qui m’interpelle chaque matin, surtout quand on sent la journée bien difficile : « De quoi causes-tu, tout en marchant ? » Aujourd’hui, et peut-être plus qu’hier, nous avons toutes les bonnes raisons d’être abattus : nous espérions tant qu’allait venir un salut tout fait, tout proche ! Et puis, cela semble remis en question par presque rien !

Mais aujourd’hui comme hier, Dieu vient se mêler à notre journée, à nos partages, pour relancer l’espérance. Il vient allumer une flamme en nos cœurs, parce qu’il nous accompagne fidèlement et avec une ténacité sans failles. Chaque matin, nous pouvons lui dire en insistant : « Reste avec nous, car le soir vient et déjà le jour baisse. » Oui, sans lui, le jour risque bien de ressembler à la nuit.

Ce qui est vrai pour moi, je veux aussi l’espérer pour les autres : loin de ressasser le passé, ces blessures que l’autre m’a faites, ces paroles qui m’ont agressé, j’accepte grâce à toi, le compagnon inconnu d’Emmaüs, de repartir sans rancœur, libre de tout ressentiment. A priori, sans autre justification, je considérerai que nous sommes des frères capables de bâtir ensemble, et si mon espoir est encore déçu aujourd’hui, je renaîtrai demain matin à une nouvelle tentative.

Les dernières images télévisées, avec leur lot de souffrances de par le monde, avec ce virus insaisissable et meurtrier, avec l’arrogance des puissants, avec la misère des petits, m’ont laissé sans force, sans réactions ; et l’envie de baisser les bras m’est venue. Pourquoi vouloir changer quelque chose ? Ne faut-il pas mieux se réfugier dans la sphère individuelle, sans trop de projets extérieurs ? Qui apportera enfin la paix, des relations fraternelles entre ethnies et nations ? Qui mettra fin à l’esclavage sans cesse renaissant ? Qui fera fleurir le bonheur sur le visage des enfants ?

Avec sa mort vaincue, Jésus a montré que rien ne pourra décourager la fidélité de Dieu et qu’elle renaît chaque jour, quand je viens y puiser. Parce qu’il y a au cœur de notre histoire cette puissance de renouvellement qu’est la présence de Dieu qui nous accompagne, l’espérance ne sera jamais vaincue.

Vivre, c’est alors renaître chaque matin à l’espérance : aujourd’hui, s’ouvre un jour, où à nouveau tout est possible. Aujourd’hui, je peux sortir de mon accablement, de ma timidité, de mes peurs ; aujourd’hui je peux compter sur Toi, Seigneur Jésus : tu me partages le pain de ce jour, la nourriture nécessaire pour aujourd’hui. Je ne me soucie pas du lendemain ; ça pourrait m’écraser, me paraître trop lourd. Je reçois de Toi le nécessaire pour aujourd’hui. Je sais que demain matin, je pourrais à nouveau renaître avec Toi pour une nouvelle espérance.

« Et voici que ce jour-là, deux d’entre eux… » A la fin du récit, à nouveau ils ne sont toujours que deux, mais un feu les a pénétrés et ils ne sont plus les mêmes ; ils sont re-nés à l’espérance, une espérance indestructible, car le Seigneur est vraiment ressuscité !...

Alain Patin

Confinement, jour 26

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