Inspecteur technique dans une multinationale, j’ai 53 ans et suis marié à Geneviève depuis 1984 ; nous avons trois garçons : Romain, Simon et Nicolas.
Un appel
En 2011, le prêtre de notre paroisse nous interpelle, Geneviève et moi, au sujet du diaconat permanent : surprise, interrogation, questions, pourquoi nous, pourquoi moi ? Nous en reparlons avec lui, avec des amis diacres et prêtres. Nous concluons que nous n’avons aucune raison de dire « non », mais il reste de nombreuses questions. Nous commençons la formation, « on verra bien où cela nous mène ». Néanmoins, je me rends compte que notre profil est atypique : je n’ai pas été interpellé pour ma présence visible dans la paroisse, ni pour mon implication dans des services d’Eglise. Je me sens bizarre aux yeux des autres appelés, parfois débarqué d’une autre planète.
Jésus a été attentif aux plus petits, aux exclus ; il a accueilli, écouté tous ceux qui dérangent, ceux qui sont en marge de la société ou de l’Eglise. Accueillir l’autre, pour nous, c’est être témoin et annoncer que Dieu est amour, qu’il a donné sa vie pour tous. Sa résurrection permet aux hommes de donner un sens à leur vie, mais aussi l’espérance d’un monde meilleur. Ma foi me motive dans l’action, donne un sens à mes engagements mais c’est aussi eux qui nourrissent ma foi par les témoignages entendus, les personnes rencontrées, celles que l’on voit changer ou grandir. Annoncer l’Evangile, c’est annoncer la Parole, qui peut être assimilée à une graine que l’on sème, mais ensuite, nous ne la maîtrisons plus, elle croît d’elle-même (Luc 8,4-15). Par contre, nous pouvons lui apporter des soins, de la lumière, nous pouvons être tuteur.
Dans un quotidien
Dans mes engagements politiques et syndicaux, surtout en tant que délégué syndical, j’ai appris l’humilité, l’écoute et l’importance de la parole de l’autre ; savoir l’entendre, la comprendre pour mieux pouvoir s’exprimer en leur nom. Dans mon entreprise, je suis en position d’écoute et d’attention. Quand des clients me parlent de leur foi ou de leur rejet de l’Eglise, cela me touche, me bouscule, avant j’y étais plutôt indifférent.
Dans la vie associative, en tant que président du club de basket, je comprends mieux une remarque d’un membre du Bureau : « oui mais toi, tu es différent, tu fais attention aux autres ». Je trouvais cela évident d’être attentif aux paroles, aux gestes des autres. Aujourd’hui, j’entends un Dieu qui me parle à travers ma vie, les événements, mais aussi par les témoins rencontrés tous les jours. Sans parler de Dieu, ils en expriment quelque chose par leurs attitudes, leur écoute… C’est pour moi l’image de Dieu fait homme parmi les hommes.
Des missions confiées
Tout cela nous a mené à l’ordination diaconale en octobre 2016. Mes missions confirmées par l’évêque (accompagnement du relais enseignement supérieur de la JOC et du Comité d’agglomération Lilloise de l’ACO), mes engagements associatifs sont, pour moi, à l’image de la vie de Jésus, de faire un bout de chemin avec les gens puis se retirer pour leur permettre de continuer (Luc 24,13-34). Je pense qu’être diacre, c’est être un homme, par lequel l’Evangile passe. J’aimerais savoir parler couramment ces deux langues : celle de la Parole de Dieu et celle de la parole des hommes, afin de traduire en mots de travailleurs l’amour de Dieu pour les hommes et leur ouvrir le chemin de la rencontre avec Dieu.
« J’aimerai être un passeur. Engagé comme… Engagé avec… tout un chacun dans la vie de tous les jours » .
Philippe Plichon