Depuis quelques années, l’association participe à une manifestation organisée par la municipalité : Balades au jardin. Je suis témoin du cheminement de chacun.
Pour choisir le décor, il faut donner des idées, s’écouter. Cette année, les participants ont fabriqué et vendu du mobilier de jardin. Avec cette initiative, c’est toute une reconnaissance qui s’engage : accepter les femmes à l’atelier bois, se sentir connus et reconnus par les ouvriers municipaux, leur demander des outils, puis être invités à boire le café avec eux….
D’autres activités voient le jour, comme ’l’art textile’ qui a même donné lieu à une expo qui s’exporte au Mans. Il fallait partir d’une porte et la reproduire. Créer avec du tissu et différents matériaux. Ce n’est pas facile mais je les sens solidaires, je vois des transformations à chaque atelier : un homme assez ’brut de pomme’ fait une porte capitonnée, et s’apaise.
Des échanges et transformations
La municipalité de Laval s’intéresse à eux. Les œuvres ont été exposées en ville, ils en sont fiers.
Le mari d’une des exposantes vient voir le travail accompli ; lui s’active aux jardins ouvriers, elle participe à la chorale ; ils entrent dans une autre relation de couple, faite d’un regard de fierté posé l’un sur l’autre. ça métamorphose le couple !
Il y a eu beaucoup d’échanges. On était tous au même niveau. Maintenant, tout cela les fait entrer dans une autre histoire, tout ce qu’ils ont fait devient leur vécu : un beau chef d’œuvre !
Ils se sentent à l’aise et ça leur donne envie de découvrir autre chose.
Des défis relevés
Chaque activité est un nouveau défi. La chorale : c’est tenir debout plus de cinq minutes, s’exposer devant les autres… Pour le sport, il faut évaluer le souffle… du coup ceux qui participent font un bilan de santé. Maintenant ils viennent même à pied, ils prennent soin d’eux.
Tout l’art est de convaincre d’essayer. Ces activités attirent de nouvelles personnes, elles se stimulent entre elles. Je suis épatée de voir comment les choses évoluent. Un des participants confie que c’est cet espace qui lui permet de se maintenir en vie.
C’est phénoménal le progrès, ça donne une leçon de vie, ça les sort de leurs problèmes, ça les met debout, leur vie est transformée. Mais cela me transforme aussi. Je donne du temps mais quand je vois le résultat, toutes ces choses positives, ce ne sont pas des miracles, mais… « si les aveugles voient, les boiteux marchent », c’est l’évangile ! ’Nos participants’, si je n’étais pas dans cette association, je ne suis pas sûre que je les aurais remarqués, ni même salués. Si je suis là, c’est grâce à eux. Je n’aime pas qu’on les appelle les ’bénéficiaires’. Je réagis tout le temps quand j’entends cela. Je tiens à ce mot : PARTICIPANTS ! Ils éclairent ma vie, on s’éclaire ensemble.
Catherine C.