Je suis issu d’une famille catholique de Lyon, mes parents sont enseignants ; j’ai grandi dans un milieu plutôt bourgeois mais je dirais que politiquement, mes parents et mes grands-parents étaient centristes. Assez jeune, ma maman m’a parlé de la théologie de la libération à laquelle l’avait initiée son oncle et parrain jésuite qui vivait au Venezuela.
Du christianisme social à l’engagement associatif
Mes études à Sciences Po, des lectures – notamment celles de Charles Péguy et de Simone Weil – ainsi que des rencontres – comme celle du prêtre et fondateur d’Habitat et Humanisme Bernard Devert et du député socialiste et catholique Dominique Potier avec qui j’ai un peu travaillé – m’ont fait découvrir la riche tradition du christianisme social. Cela m’a conduit à l’engagement associatif : Secours Catholique, le Rocher, le Simone…
Parallèlement à mon métier d’enseignant en philosophie à Paris, j’ai co-fondé fin 2017 le Dorothy, du nom de la militante catholique anarcho-communiste Dorothy Day (1897-1980). C’est un lieu de vie animé par des chrétiens et ouvert à tous. Nous y mettons en pratique ce que notre foi nous inspire, en dialogue avec les besoins de l’époque. Cela nous a conduits à en faire un lieu social (accueil de jour 5 jours/semaine, cours de français…), un lieu de transmission de savoir-faire manuels et artistiques (cours de menuiserie, expositions…) et un lieu de vie intellectuelle (conférences-débats…).
Tenir ensemble ces dimensions, souvent dissociées dans la société capitaliste, permet de redécouvrir l’unité et le sens de l’existence humaine. Ce projet est porté dans la foi : une vie de prière est proposée à ceux qui veulent, nous essayons de faire communauté et de pratiquer la fraternité évangélique. Comment créer les conditions d’une société meilleure, où nous progressons à la fois personnellement et collectivement, où nous essayons de répondre aux appels du Christ malgré toutes nos limites ? Voici les questions qui sous-tendent le Dorothy.
La puissance politique de l’Evangile
Il y a trois ans, avec un groupe d’amis, nous avons lancé le collectif Anastasis. Il repose sur un double postulat : le refus de l’instrumentalisation de la religion chrétienne par l’extrême-droite qui tend à réduire celle-ci à un patrimoine ; la conviction qu’il existe une puissance politique de l’Évangile, non pas dans la mesure où le Christ légitimerait tel ou tel pouvoir institutionnel, mais au sens où sa parole et sa vie incarnent une forme de vie collective qui place en son cœur la justice, la charité, le pardon… En cela, la vie chrétienne interroge les principes qui orientent la société. Notre tâche est d’articuler le théologique et le politique sur le plan de la pensée comme sur le plan pratique. Ceci sans basculer dans l’instrumentalisation de l’Évangile et en allant puiser dans notre foi de quoi donner sens et corps à notre action. Trois exemples : le festival des poussières, lancé il y a deux ans, et qui réunit environ 500 personnes chaque été autour de moments de prière, de fête et de réflexion ; le rassemblement « Justice et Espérance » de juin 2024 visant à s’opposer publiquement à l’extrême droite à partir de la foi ; le rassemblement pour la vérité, la justice et la paix en Palestine-Israël de décembre dernier (co-organisé notamment avec Pax Christi et Sabeel France).
Écoutons Dorothy Day : « Nous n’avons pas le droit de nous arrêter et de nous sentir désespérés, il y a trop à faire ».
Foucauld Giuliani






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