Je m’appelle Emerich, j’ai 43 ans, je suis sapeur-pompier professionnel depuis 23 ans. En 2018, j’ai entrepris mon parcours de reconversion. En 2019, je suis retourné à l’école. Puis, il a fallu accéder au foncier, lancer le projet bâtiment et continuer à se former, tout en démarrant les premières cultures et tout en accueillant les animaux sur la ferme. Ce parcours, lourd administrativement, est peu soutenu par les cadres de la fonction publique. Adeline, 39 ans, après avoir travaillé dans la restauration, suite à ses études dans cette branche, a fait un passage dans la grande distribution. Puis, elle a décidé de se lancer dans l’entreprenariat en devenant artiste à plein temps en 2014. Et désormais, elle s’investit à mes côtés pour réaliser ensemble ce projet de ferme.
Un rêve partagé
La ferme des Licornes est peut-être simplement la réalisation d’un rêve d’enfant. Mais ce rêve est celui de beaucoup de personnes. Alors, quoi de plus enrichissant que de le vivre ensemble ? Un rêve niché sur les hauteurs de Bretteville, dans le Cotentin, département de la Manche. Au bout d’un chemin, vous arrivez sur notre ferme, au milieu de 10 hectares : rien de tel pour pratiquer une agriculture biologique, sans « perturbateurs endocriniens à deux pattes ». En face, c’est la mer avec une vue magnifique sur la rade de Cherbourg. Chaque fois, les personnes que nous accueillons nous disent « Vous avez une vue magnifique ». Mais cette vue n’est pas la nôtre, profitez-en, nous avons fait le choix de créer la ferme des Licornes pour accueillir et partager.
Reconnecter le consommateur à la terre
La ferme des Licornes, c’est une micro ferme en polyactivité : maraîchage biologique sur sol vivant, agroforesterie avec un verger de 700 pommiers, élevage d’animaux du pays et une ferme pédagogique pour éveiller les petits comme les grands. Ouvrir notre ferme, c’est reconnecter le consommateur à la terre et lui montrer le travail qu’il y a derrière les bons produits qu’il retrouve dans son assiette. Notre modèle est celui d’il y a 100 ans, quand les fermes étaient des lieux où il faisait bon venir. Nous nous sommes inspirés de la permaculture, mais ça aussi, cela existait il y a 100 ans.
Alors oui, nous avons fait des choix : nous avons vendu notre maison, quitté une situation financière stable. Nous faisons les 35 heures deux fois par semaine, nous avons inquiété nos proches et tout ça pour nous lancer dans un monde peu lucratif. Mais ce n’est pas forcément une entreprise que nous avons montée : c’est plutôt un modèle de vie auquel nous croyons.
Avoir compris que l’argent ne dicterait pas nos vies, même s’il en faut forcément pour un tel projet, est la première pierre qui a permis de lancer ce magnifique rêve de vie.
Emerich Esvan
Pour en savoir plus : fermedeslicornes chez hotmail.com