La charte est le texte de référence permanent pour tous les membres de l’ACO, voté à la Rencontre nationale de Toulouse en mai 1998. Elle veut permettre au mouvement de déterminer, à tous les niveaux, ses priorités, ses objectifs de conduite et les moyens pour les atteindre.
La charte s’articule avec les statuts et les résolutions du mouvement.
Sommaire
Chapitre I
Des travailleurs croyants au service de la mission
- 11. Des croyants rassemblés
- 12. Des membres solidaires
- 13. Au service d’une même mission
Chapitre II
Les caractéristiques de la mission de l’ACO
- 21. Acteurs dans la vie ouvrière et sociale
- 22. Appartenance ouvrière
- 23. Servir le dialogue entre Dieu et les travailleurs
- 24. Une vie originale en Eglise
Chapitre III
Les différentes manières de faire vivre le mouvement
- 31. La révision de vie
- 32. Les partages de foi
- 33. Les sacrements et la prière
- 34. La formation
- 35. La visibilité et la communication
- 36. Le développement
- 37. Un mouvement organisé
Des travailleurs* croyants au service de la mission
L’Action Catholique Ouvrière, mouvement de laïcs, fonde sa mission sur celle du Christ et de toute l’Église : accueillir et annoncer la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Notre parti pris d’espérance s’enracine dans cette Bonne nouvelle.
11. Des croyants rassemblés
Depuis 1950, au nom de l’Évangile, l’ACO invite et rassemble toutes les personnes du monde ouvrier dans la diversité de leurs situations (personnelle, familiale, professionnelle, sociale) ; toutes celles qui, du fait de leurs solidarités ou de leurs conditions de vie ou de travail, dénoncent et combattent les injustices, tout en reconnaissant des avancées, et ainsi grandissent en humanité.
Ce sont des femmes et des hommes soucieux de mettre leurs pas dans ceux du Christ et engagés dans la construction d’une société plus juste où la dignité de l’Homme soit reconnue. Cela suppose la remise en cause de la logique capitaliste du profit induisant d’inégales répartitions des richesses.
Impliqués dans des luttes menées avec les organisations syndicales, politiques, associatives, et imprégnés de la vie et des solidarités vécues par le monde ouvrier, les membres de l’ACO proposent le témoignage visible d’une communauté de croyants : faire connaître aux hommes Jésus-Christ qui nous fait vivre et leur donner envie de l’accueillir. Riche d’une grande diversité d’hommes et de femmes, l’ACO contribue à faire grandir ses membres en humanité et à renouveler leur vie de foi.
Pour vivre leur mission, les membres de l’ACO nourrissent leur foi, notamment dans la révision de vie.
Chercheurs de Dieu, ils font l’expérience que l’Esprit les rassemble et donne à chacun l’audace d’aller vers d’autres travailleurs. Ils ont le souci de reconnaître dans leurs actions collectives, comme en chacun d’eux, la présence de l’Esprit qui les précède et qui oeuvre pour que « l’Homme soit debout ». Lorsque l’ACO parle de croyants rassemblés, elle fait également toute leur place aux hommes et aux femmes du monde ouvrier qui sont en recherche de Dieu, de raisons de vivre, d’espérer.
12. Des membres solidaires
Les membres de l’ACO se retrouvent régulièrement en équipe pour faire Révision de vie. L’ACO s’ouvre également à tous ceux qui viennent la rejoindre lors de rencontres qui peuvent prendre des formes diverses et plus ou moins régulières : équipes élargies, de cheminement, relais (branches professionnelles, entreprises, sites), partages. Par leur participation à toute la vie du mouvement et par leur cotisation, ils signifient leur adhésion à la mission de l’ACO.
13. Au service d’une même mission
L’ACO veut être au service du dialogue que Dieu engage avec l’humanité. Mouvement d’action catholique spécialisée, elle s’adresse aux hommes et aux femmes du monde ouvrier.
Dans un monde en quête de sens, les membres de l’ACO cheminent avec leurs compagnons. Ils partagent ensemble leurs recherches, leurs espoirs et leurs questions. Ils permettent que la question de Dieu soit posée au coeur de ce qui est vital pour ceux qu’ils rencontrent, au coeur des actions individuelles et collectives qui construisent un monde plus humain.
L’ACO veut permettre que chacun puisse dire en vérité ses raisons de vivre, de lutter et d’espérer, et s’ouvrir à la foi des autres. Dans le dialogue, les membres de l’ACO veulent témoigner de leur bonheur de croire à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, puissance de résurrection dans leur vie et leurs solidarités.
Pour eux, l’Évangile invite et donne sens au combat pour la dignité des femmes et des hommes où ils deviennent acteurs de leur propre libération, avec leur foi, leurs attentes, leurs espérances, leur capacité à agir et à aimer.
Ils veulent exprimer leur double fidélité à la vie et l’action des femmes et des hommes du monde ouvrier, et au Dieu de l’Alliance qui invite chacun à grandir en humanité et à vivre de son amour.
* Pour l’ACO, il ne s’agit pas uniquement de travailleurs manuels, mais aussi de beaucoup d’autres : salariés dans l’industrie, le tertiaire ou les services publics, hommes et femmes privés d’emploi, en situation précaire, retraités, femmes au foyer, personnes handicapées... tous ceux qui, du fait de leurs conditions ou de leurs solidarités, ont des raisons de se rassembler pour combattre les injustices dans la diversité de leurs situations.
Les caractéristiques de la mission de l’ACO
La mission de l’ACO consiste à proposer, dans le même élan, une vie engagée et une vie de foi. Engagement dans la vie ouvrière et sociale, foi dans le dynamisme du Christ ressuscité, s’accordent intimement.
21. Acteurs dans la vie ouvrière et sociale
L’histoire de l’ACO s’inscrit dans celle du mouvement ouvrier, avec ses lumières et ses ombres. Cette histoire s’écrit au présent. Elle est espérance d’un avenir dont toutes les formes d’exploitation et de négation de l’être humain seraient bannies.
Dans un contexte de mondialisation, l’économie capitaliste domine et sacrifie l’Homme et son environnement pour le profit de quelques-uns. Avec le Mouvement mondial des travailleurs chrétiens (MMTC) dont elle est membre, l’ACO croit que tous les travailleurs du monde, en activité ou non, sont appelés à être partenaires et à former un même peuple.
Marqués par un même système d’exploitation, les travailleurs sont liés de fait les uns aux autres, d’une extrémité à l’autre de la planète. Leurs actions s’inscrivent dans une dimension internationale et tendent à développer la solidarité au niveau planétaire.
Pour les membres de l’ACO, toute action, quelle qu’elle soit, est indispensable quand elle vise à réhabiliter l’être humain dans sa dignité et ses droits. Tout engagement dans la durée est nécessaire pour la transformation des situations et des personnes.
L’engagement dans les organisations syndicales, politiques, associatives est un chemin à privilégier pour les membres de l’ACO. Ces organisations restent des outils indispensables pour la transformation structurelle des conditions de vie et de travail, et pour la manifestation de solidarités concrètes entre tous les travailleurs.
La confrontation avec d’autres pour élaborer et mettre en oeuvre des projets, pour choisir et conduire des actions, aide à construire l’individu. Elle met chacun face à ses responsabilités et l’appelle à se situer en tant que personne. C’est par cette capacité à dire « je » que peuvent se former des collectifs qui disent « nous » dans le respect de chacun.
Consciente de la valeur de tout être humain aux yeux de Dieu, l’ACO témoigne que l’exploitation, l’injustice, le malheur ne sont pas une fatalité.
22. Appartenance ouvrière
C’est sur l’expérience des organisations ouvrières et sur sa propre expérience missionnaire que l’ACO comprend l’appartenance ouvrière.
Celle-ci est un fait, elle est composée d’éléments divers :
La place occupée dans le travail, les situations de chômage, de précarité, de rejet social, avec le sentiment ou la conscience de vivre l’exploitation, la domination, l’injustice.
L’expérience acquise dans la participation aux luttes ouvrières et sociales.
La conscience pour chacun d’appartenir, par sa famille, son origine, son histoire, à une culture ouvrière.
La participation et l’adhésion à des projets politiques, syndicaux, associatifs, idéologiques, où la place de la personne humaine est centrale.
L’attachement et le souci de vivre et transmettre des valeurs héritées du mouvement ouvrier (solidarité, justice, dignité...).
L’appartenance ouvrière ne s’identifie pas à la conscience de classe, laquelle s’acquiert à travers l’expérience et l’engagement mais aussi par héritage.
23. Servir le dialogue entre Dieu et les travailleurs
Depuis les origines, Dieu dialogue avec les hommes. Le peuple de la Bible en témoigne. Scellée en Jésus- Christ pleinement homme et pleinement Dieu, une alliance d’amour est proposée à toute l’humanité :« Je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai encore, pour que l’amour que tu as pour moi soit en eux, et que je sois moi aussi en eux » (Jean 17,26). Dieu Père, Fils et Esprit, est en lui-même amour et dialogue. Aux femmes et aux hommes d’en vivre et de le manifester.
L’ACO s’efforce de servir ce dialogue entre Dieu et les femmes et les hommes du monde ouvrier. C’est une aventure où chacun est engagé dans une démarche de « donner et recevoir ».
En servant le dialogue, les membres de l’ACO vivent une expérience de foi originale. Ils s’y engagent au nom du Christ et avec lui. Jésus-Christ les invite à accueillir et à révéler la foi qui est au coeur de chacun.
Ainsi, ils entrent dans la démarche de Jésus dont les évangiles témoignent, quand il reconnaît et admire la foi de ceux qu’il rencontre : « Ta foi t’a sauvé ! »
Pour l’ACO, le dialogue avec les travailleurs se vit en réciprocité. Chacun, en vérité, partage ses raisons de vivre, de croire, d’espérer. Chacun s’enrichit de l’autre et personne ne sort indemne de l’échange.
Le dialogue permet d’entrer dans une relation renouvelée avec soi-même, avec les autres et avec Dieu.
Dans ce dialogue, les membres de l’ACO sont invités à dire simplement comment la confiance qu’ils mettent en Dieu, que Jésus invite à appeler « Père », éclaire leur existence et fonde leur parti pris d’espérance.
24. Une vie originale en Eglise
241. Une double fidélité : au Christ et à la classe ouvrière
Originale dans l’Église, cette double fidélité fait vivre la foi chrétienne des membres de l’ACO dans leur vie. Chaque fidélité nourrit l’autre.
Originale dans la classe ouvrière, elle leur fait vivre l’action solidaire comme une dimension de leur vie de croyants.
Cette double fidélité est une manière de vivre à l’image de l’incarnation de Jésus, pleinement Homme et pleinement Dieu dans son existence et son action.
Les engagements dans la vie ouvrière et la vie de foi fécondent l’existence des membres de l’ACO. Par la mise en valeur de leurs expériences, Dieu les invite à grandir dans une unité de vie personnelle et dans une communion entre eux.
Le rôle éducatif de l’ACO est le fruit de cette double fidélité. L’ACO veut permettre une initiation à la foi chrétienne et une implication dans la vie citoyenne. Elle donne goût aux connaissances et aux analyses, renvoyant en particulier aux organisations ouvrières. Elle donne également goût à l’approfondissement de la foi. Son désir est de permettre à ses membres d’avoir le sens des autres, le goût de la responsabilité, et de témoigner d’un Dieu Père qui aime tous les hommes
sans distinction.
Par leur vie de mouvement, les membres de l’ACO se donnent des moyens pour regarder et pour penser le monde avec rigueur, intelligence et liberté. Ils peuvent mieux conduire leur vie et leurs actions avec la conviction que c’est ainsi que les hommes deviennent pleinement responsables.
Par ses différentes propositions, l’ACO contribue à ce que des femmes et des hommes existent socialement, se construisent humainement, découvrent l’intérêt d’une vie engagée et d’une vie spirituelle. Elle les invite à entrer dans le dynamisme de transformation du monde vers plus de justice et de fraternité.
242. Divers et accueillis dans un même mouvement
Les membres de l’ACO sont appelés à s’accueillir dans une grande diversité de situations, d’expériences humaines, spirituelles, et de choix de vie.
Le mouvement est ouvert. II offre et invente des lieux de rencontres, adaptés à l’enracinement et au cheminement de chacun, où sont proposées la Révision de vie, la mission de l’ACO et l’adhésion au mouvement.
Dans ces rencontres, les membres de l’ACO sont invités à mettre en rapport la vie et la foi chrétienne. Cette diversité concerne aussi les différents types de rencontres, comme le précisent les statuts du mouvement.
243. Regroupés dans un même mouvement
Expérience difficile et exigeante, mais aussi chance pour la foi, le regroupement consiste, pour les membres de l’ACO, à accueillir leurs différences dans la confrontation des projets et des analyses des organisations syndicales politiques ou associatives auxquelles vont les préférences de chacun.
Le regroupement met en valeur la liberté de Dieu dans la relation qu’il propose à chacun, ainsi que la responsabilité de l’Homme dans la construction du monde. Chacun est appelé à dire en quoi sa foi éclaire, influence son engagement, et réciproquement. Par leurs engagements, les membres de l’ACO veulent, avec d’autres travailleurs, construire le monde en toute autonomie. Dieu ne dicte pas un programme d’action mais rend les femmes et hommes partenaires.
Librement, il est alors possible de lui dire, avec le Christ : « Père que ton Règne vienne ! », et pour chacun de chercher à vivre ses choix et ses engagements en cohérence avec ses paroles.
Pour les membres de l’ACO rassemblés au nom de Jésus-Christ, le regroupement est une invitation à être toujours plus accueillants et respectueux des chemins empruntés par chacun. Le regroupement et la diversité sont des expériences qui ouvrent à Dieu. Ils rappellent que les projets humains sont partiels, fragiles et limités. Aucun d’eux n’épuise la promesse d’avenir que Dieu laisse entrevoir.
Le Christ rassemble et dit « Ma royauté n’est pas de ce monde » (Jean 18, 36). Il invite cependant à reconnaître les germes du Royaume de Dieu à l’oeuvre aujourd’hui. Dans leur pluralité, c’est l’Esprit de Dieu et la foi au Christ qui font l’unité des membres de l’ACO.
244. L’ACO dans l’Église
Chacun, par son baptême, est invité à participer à la mission reçue de Jésus-Christ ressuscité. L’ACO situe sa mission au coeur de celle de l’Église, mais elle n’est pas l’Église à elle seule. La présence des ministres ordonnés rappelle cette dimension.
L’originalité est de vouloir enraciner cette mission dans le monde des travailleurs avec l’ensemble des collectifs et mouvements de la Mission ouvrière. Porteuse de la vie, de l’action et des aspirations des travailleurs, là où se jouent la dignité et l’avenir de l’Homme, l’ACO constitue et rassemble des communautés d’Église avec l’identité ouvrière.
La grande diversité de situations, d’engagements, de cheminements de foi invite à inventer, avec ceux qui veulent entrer dans une démarche croyante, des lieux d’Église accueillants à leurs attentes.
L’appartenance au MMTC et au CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) aide l’ACO à vivre l’universalité de l’Église. Ouverte à d’autres lieux d’Église, l’ACO invite ses membres à vivre leur foi dans toutes ses dimensions, sacramentelle et universelle.
Communier à la diversité de l’Église est une richesse pour le monde ouvrier. Célébrer le Dieu de Jésus- Christ dans la vie et le langage des travailleurs est une richesse pour l’Église. Cet échange est fécond pour toute la vie de celle-ci : liturgie, formation, catéchuménat et autres services d’Église.
L’ACO souhaite vivre la communion de l’Église dans le respect de la pluralité des situations et des cultures, conscients que cette unité dans la diversité n’est pas acquise.
Aujourd’hui encore, les femmes et les hommes du monde ouvrier ont des difficultés à être accueillis dans l’Église avec ce qu’ils sont. Certaines communautés sont peu réceptives à leur vie et à leur action collective contre les causes de la misère. L’ACO participe pour sa part à ce que l’Église soit toujours plus proche de la vie de ces travailleurs. Les membres de l’ACO participent diversement à la vie de l’Église, en Mission ouvrière, dans la pastorale diocésaine (catéchèse, catéchuménat, pastorale des migrants, vie paroissiale, etc.). Comme tous les membres de l’Église, ils portent le souci de l’éveil et de l’appel aux ministères ordonnés.
Dans l’Église, les membres de l’ACO agissent pour sa pluralité et son ouverture à ceux qui désirent y prendre leur place.
Ils prennent part au dialogue interreligieux par des rencontres avec des hommes et des femmes de culture et de religion différentes.
245. Partenaire pour la mission
Baptisés dans le même Esprit, laïcs, ministres ordonnés (évêques, prêtres et diacres), religieux, religieuses sont appelés à participer en partenaires à la mission reçue de Jésus-Christ ressuscité.
Ensemble, ils signifient la présence de l’Église dans le monde. Leurs engagements signifient la présence de l’Église, prioritairement auprès des personnes victimes de l’injustice, de l’oppression, des discriminations.
Parmi les baptisés, les prêtres et les diacres, par leur ordination, ont une relation originale avec la communauté de croyants.
Les prêtres symbolisent par la relation aux laïcs que la communauté d’Église est donnée à tous. Elle se reçoit de Dieu. Les prêtres manifestent que la foi de la communauté s’enracine dans la foi des apôtres.
Les diacres, témoins du Christ serviteur, s’inscrivent dans l’effort missionnaire de l’ACO sous des formes diverses.
Là où ils vivent ensemble la mission, laïcs et ministres ordonnés dialoguent sur la place de chacun dans le respect des charismes et des compétences des uns et des autres.
Les différentes manières de faire vivre le mouvement
La mission de l’ACO s’exerce dans des pratiques et dans une vie en mouvement. Liées les unes aux autres, elles s’articulent, se dynamisent et s’enrichissent mutuellement.
31. La révision de vie
Rassemblée par la foi au Dieu de Jésus-Christ, la communauté de croyants en ACO se construit dans la révision de vie. Celle-ci alimente et entretient la foi au Christ pour la rendre vivante et active dans la vie quotidienne. Elle appelle à en témoigner, c’est la mission de l’ACO.
Les responsables d’équipe de base veillent à la démarche du voir, juger, agir de la Révision de vie pour faire vivre le projet du mouvement. L’implication de chaque membre est nécessaire.
Voir
Dans la révision de vie, chacun est invité à raconter les évènements qui concernent sa vie personnelle, sociale, familiale, sa relation aux autres. Chacun est appelé à exprimer comment il vit et agit au travail ou dans le quartier, la part qu’il prend dans les débats et les actions des organisations syndicales, des partis politiques ou des associations.
La révision de vie privilégie les questions, les évènements, les actions et les luttes face à l’exploitation et à la logique économique d’exclusion. Ses membres partagent ce que les travailleurs en disent. La révision de vie accueille les dynamismes qui construisent une société plus solidaire et permettent que la justice, la dignité, le vivre ensemble reprennent leurs droits.
L’ACO croit que chacun, à sa mesure, est appelé à vivre un engagement durable contre les causes de l’exploitation qui vont jusqu’à l’exclusion. Les moindres petits pas ont toute leur place et leur efficacité dans ce projet.
Juger
Dans le regroupement d’engagements différents, dans la diversité des situations, la révision de vie est une expérience de croyants.
Elle invite à l’accueil de la parole des autres. Elle permet le dialogue en vérité et la nécessaire confrontation. Elle aide à relire ce qui est essentiel aux femmes et aux hommes qui se reconnaissent membres d’un peuple. En partageant la vie, en la confrontant avec la Parole de Dieu, les membres de l’ACO se mettent en accueil de Jésus-Christ qui nous conduit au Père. Ils font l’expérience que Dieu donne la vie en abondance (Jean 10,10). Son Esprit fait signe, dans l’engagement et la vie, et appelle à la conversion.
Le dialogue entre les participants, nourri par l’Écriture, enrichit l’expression de foi individuelle et collective. Les publications du mouvement aident à élargir le regard d’équipe et à approfondir la démarche de foi. La révision de vie construit et engage chacun dans la totalité de sa vie, comme homme et comme croyant. Elle aide à vivre des choix et des convictions dans la durée et la fidélité.
Agir
La révision de vie appelle à dire ce que la rencontre de Dieu change, transforme dans nos vies. Chacun exprime comment il est interpellé par la parole des autres et ce qu’il accueille de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ pour sa propre vie, ses engagements, ses responsabilités. La révision de vie ouvre à la prière et à la célébration.
Elle renvoie les membres de l’équipe vers ceux dont ils partagent l’existence pour accueillir leurs raisons de vivre et d’espérer, et témoigner de leur propre foi. La révision de vie conduit à prendre des initiatives qui peuvent aboutir aux partages de foi.
32. Les partages de foi
Dans les partages de foi, l’ACO offre des lieux ouverts qui permettent d’accueillir les raisons de croire et d’espérer de chacun, dans la diversité et le regroupement.
À partir de la carte ouvrière du secteur et de la carte de relations de ses membres, l’ACO invite les travailleurs à prendre la parole dans leur grande diversité d’approche de la réalité, d’engagement et de foi.
Dans ces partages, le mouvement entend témoigner de Jésus-Christ. Croire en l’avenir de l’être humain est une attitude qui permet de vivre et grandir en humanité. Les partages mettent en présence une pluralité de manières de croire. Personne ne possède la vérité. Tous sont donc à égalité dans la recherche des raisons de vivre, d’agir, d’espérer.
L’ACO croit que l’invité peut entendre quelque chose de la foi de ses membres au Dieu de Jésus-Christ. Et, réciproquement, elle croit que les convictions de l’invité peuvent enrichir celle des invitants. Les participants aux partages, dans le respect de chacun, livrent quelque chose du coeur de leur foi. Enracinés dans la vie et l’action des hommes et des femmes au quotidien, les partages que l’ACO propose sont des partages de foi parce qu’ils invitent chacun à exprimer en qui ou en quoi il croit.
C’est l’originalité et la raison d’être de l’ACO que de se situer sur ce plan de la foi. C’est aussi sa manière de contribuer à la recherche des femmes et des hommes en quête d’humanité et d’espérance. Les partages sont des lieux où la parole est ouverte, libre, sans entrave. Ils s’adressent à tous, notamment à ceux qui sont les plus exploités et défavorisés de la société.
La qualité des partages dépend de l’expression de foi et des questionnements personnels et collectifs en révision de vie.
La diversité des partages nécessite un projet, une mise en oeuvre, un suivi, une reprise, à partir d’objectifs précis en lien avec les orientations fondamentales de l’ACO et les expériences vécues.
33. Les sacrements et la prière
L’ACO fait vivre, à sa manière, les pratiques qui font l’Église.
Les sacrements, notamment l’Eucharistie, rassemblent la communauté de croyants. Ils témoignent de l’invitation des femmes et des hommes par Dieu. Les membres de l’ACO participent aux sacrements dans diverses communautés d’Église pour nourrir leur foi en Jésus-Christ.
Les sacrements vécus et préparés en Mission ouvrière ou en ACO sont des moments privilégiés pour rendre présente aux travailleurs une Église vivante, accueillante à ce qui fait leur vie. Dans les célébrations, il s’établit une relation entre la vie des militants ouvriers et l’initiative de Dieu, telle que l’a révélée Jésus-Christ. Les membres de l’ACO y vivent la rencontre originale de Dieu et des femmes et hommes dans la condition humaine.
Méditer la Parole, prier personnellement et en équipe, c’est laisser la force de l’Esprit de Dieu travailler en soi et à travers soi lorsque s’exprime une parole de foi éclairée par la révision de vie.
Les retraites et récollections sont des moments privilégiés pour s’arrêter, prier, approfondir et partager sa foi. Il est important qu’elles puissent se vivre en équipe.
34. La formation
La formation a pour but d’aider les membres à s’investir dans la mission de l’ACO, dans la fidélité au Christ et à la classe ouvrière. Elle se doit de répondre aux besoins des membres sur ces deux plans :
leur donner les moyens de comprendre les évolutions de la société. Cette compréhension est indispensable pour y être acteur et y témoigner du bonheur de croire en Jésus-Christ ;
les aider à clarifier la mission et à la mettre en oeuvre ; favoriser l’approfondissement de la foi en Révision de vie par la relecture de la vie, la mise en lien avec l’Écriture et le débat de foi, faciliter l’ouverture à d’autres pour rendre compte de ce qui fonde leur foi.
Le dialogue avec les croyants d’autres religions ou avec ceux qui vivent une foi humaine sans référence à Dieu provoque les membres ACO à mieux les connaître et à approfondir leur foi chrétienne.
La formation donne les moyens d’accueillir les nouveaux membres avec ce qu’ils apportent de neuf, et de les initier à la vie en mouvement, sans pour autant négliger les attentes des membres plus anciens. Elle contribue à favoriser l’échange entre les uns et les autres.
La formation veille à responsabiliser tous les membres du mouvement. Elle permet de mobiliser les compétences de chacun pour servir la mission commune.
Elle donne aux nouveaux membres les moyens de participer à la construction de l’ACO et rendre ainsi possible l’accès de tous aux responsabilités. Elle accompagne les évolutions dans la conduite (dynamique de projets, manières nouvelles d’être responsable).
La formation s’appuie sur les moyens proposés par le mouvement : elle encourage la mutualisation des expériences.
35. La visibilité et la communication
Pour se rendre visible, l’ACO communique sa parole originale. Elle propose à des travailleurs de marcher à la suite du Christ, de vivre de son Évangile.
Au nom de cette originalité et comme baptisés, les membres de l’ACO ont à s’exprimer, en veillant à ne pas faire apparaître le mouvement comme une organisation ouvrière. Leur expression de foi s’enracine dans des témoignages de vie engagée et dans un vécu collectif en mouvement.
S’exprimer au nom de l’ACO engage ses membres. Les déclarations publiques impliquent le mouvement dans toutes ses dimensions. La communication permet de faire connaître le mouvement, de progresser dans le dialogue avec les membres des cartes de relations, et aux personnes rejointes de se mettre en mouvement.
36. Le développement
Être en ACO est une joie pour ceux qui en font l’expérience. Celle-ci doit être partagée et proposée largement pour dire ce que le mouvement fait vivre.
Fonder et développer l’ACO, c’est accueillir tous ceux qui veulent participer à sa recherche. Dans sa spécificité, l’ACO répond à des attentes du monde.
L’ACO invite à faire l’expérience de la Révision de vie, à vivre dans le mouvement, à participer financièrement à celui-ci par la cotisation.
Les partages sont des lieux de paroles attendus qui offrent des perspectives de développement. Partages de foi et développement s’appellent l’un l’autre sans se confondre.
Fonder et développer l’ACO est essentiel pour que la question de Dieu continue d’être posée dans le monde ouvrier, et sa Bonne nouvelle proposée. Le mouvement s’adresse aux différentes catégories de travailleurs. Il accepte diverses manières d’en faire partie et adapte pour cela ses moyens.
37. Un mouvement organisé
Pour assurer sa mission, l’ACO se dote de structures au plan national, régional et local et appelle des responsables.
Toutes les équipes, locales ou nationales, font vivre le mouvement. Elles le conduisent et s’aident mutuellement à faire vivre le débat de foi pour mieux proposer le Dieu de Jésus-Christ comme pertinent pour l’ensemble des femmes et des hommes du monde ouvrier.
La diversité et le regroupement font partie de l’identité de l’ACO depuis sa fondation. Les situations et les engagements multiples s’y croisent. Les cheminements de foi sont eux aussi très divers. Cela permet de prendre conscience que l’équipe n’est pas l’ACO à elle seule.
L’équipe n’existe qu’en relation avec les autres équipes et avec toute la vie du mouvement. D’autres manières d’être en mouvement peuvent exister.
Dans un monde où les risques du repli identitaire sont importants, l’ACO accueille la grande diversité de ses membres comme une richesse et en témoigne à l’extérieur.
Pour cela, l’ACO :
développe une démarche de projet missionnaire à tous les niveaux (équipe, secteur, diocèse, région, national) ;
incite les membres à être acteurs dans le mouvement et à prendre leur part d’initiatives ;
inscrit la démarche missionnaire du mouvement dans une ouverture au monde en développant la dimension internationale à tous ses échelons ;
travaille en Mission ouvrière et en partenariat avec d’autres composantes de l’Église ;
apprend à faire mouvement, y compris avec ceux qui ne sont pas en équipe de révision de vie.